clergepondu

Arrêtons d'être des Moutons…

On dit que rien ne se perd, tout se récupère …

« La vie est une loterie, même si tu gagnes, au final tu perds la vie …  »

Et je suppose que tu avais un sentiment incommensurable de victoire lorsqu’en 2011 tu créas ta nouvelle page Facebook et que ta première photo de profile fut … ta nouvelle carte d’identité belge…  Je suppose que la vie bousillée d’une jeune demoiselle (ou plusieurs) au passage n’était que le faible prix à payer …

J’apprends que tu t’es donné la mort le matin de ce 10 octobre… Et cette nouvelle me perturbe tellement qu’elle me rappelle l’état d’angoisse permanent dans lequel tu prenais plaisir à me (voir) plonger …

La dernière fois que je t’ai vu, tu étais assis en face de moi, dans notre ancien appartement, … J’avais un micro et un enregistreur caché dans le sac accroché à la chaise sur laquelle tu étais assis … Ce jour-là, je savais déjà absolument tout sur tes mensonges, la mise en scène machiavélique dans laquelle je tenais le premier rôle malgré moi … Mais je devais te regarder en face, te faire croire que je ne savais rien, te « faire parler » un maximum, pour donner ensuite la cassette à la police … Ainsi, pour la première fois depuis que l’on s’était connu, c’était moi qui te prenais en traître, c’est moi qui me jouais de toi… L’envie incompressible de te casser les dents n’était contrebalancée que par cette sensation de reprendre le contrôle sur cette supercherie et la délectation de te voir tomber dans mon piège à moi, une seule et dernière fois … Et tu as été juste parfait…

Tu m’as assuré de ne plus m’inquiéter car tu avais payé quelqu’un pour tuer ta maîtresse (sic)… Tu m’as confirmé (avec des perles lacrymales) que tu m’avais pris pour une conne et que tu m’avais épousé uniquement pour les papiers … Mais même dans ce déballage de vérités, tu te perdais dans tes mensonges, encore et toujours … Tu ne savais pas encore que j’avais été voir « ta maîtresse » et que j’étais au courant d’absolument tout, que tu l’avais rencontrée bien avant moi, bien avant que l’on se marie, mais qu’il te fallait une victime d’origine marocaine pour ne subir aucune enquête avant les épousailles … Que tu comptais les jours avec tes collègues jusqu’à l’obtention de ta fameuse carte orange, jour où vous avez trinqué à ma naïveté… Que tu racontais à tes collègues et tes amis des choses tellement atroces à mon sujet que tout le monde croyait les yeux fermées grâce à ta petite tête d’ange abîmée … Que lorsque je te croyais travailler tard et que j’étais triste de te voir si fatigué, « si exploité » (selon tes termes), tu étais en fait avec la femme que tu aimais sincèrement et l’entretenais avec l’argent que stupidement je te donnais pour que tu puisses avoir un minimum de dignité devant les personnes qui « te rabaissaient car tu n’étais qu’un sans-papier » (toujours tes termes) …

Oui, je savais tout et je t’avais devant moi … Tu étais en larmes, tremblant, transpirant, me suppliant de « te reprendre » alors qu’au même moment, tu continuais à m’expliquer cette relation factice que ta maîtresse entretenait avec ton collègue … Je suppose que tu ne trouvais pas la force de m’avouer que « ce faux couple » qui venait manger chez nous n’était qu’une de tes plus belles inventions … Que ce « couple » – qui me racontait leurs soucis de logement imaginaires et leur chien commun imaginé – n’était que ta maîtresse et ton collègue gay à qui tu avais demandé de jouer le jeu dans ma propre maison pour que je n’ai jamais aucun soupçon sur la double vie que tu menais … Et je te regardais, avec un tout nouveau regard, me raconter que ce « couple » battait de l’aile, que ton collègue (gay) négligeait sa (fausse) petite amie et que du coup, elle t’était tombée dans les bras … Enfin quelque chose comme ça, toi-même tu t’embrouillais dans les nombreuses versions que tu pouvais inventer en seulement quelque minutes de temps … Je me demande aujourd’hui s’il y a une seule personne dans ce monde à qui tu as dit toute la vérité sur qui tu étais vraiment, une seule personne qui pourrait raconter l’histoire de ton existence dans toute sa transparence …

En tout cas, pour ma part, je ne sais pas qui tu es… Et je ne crois pas que tu t’es jamais soucié de savoir qui j’étais également … J’ai juste été une de tes marionnettes, j’ai toujours réagi comme tu le souhaitais secrètement … Je n’ai jamais souhaité du mal à personne jusqu’à que je ne te rencontre et aujourd’hui ma haine s’arrête avec la fin de ta vie …

Je te pardonne d’avoir vu en moi une proie fragile que tu pouvais manipuler à ta façon, je te pardonne d’avoir également manipulé mon entourage et ma famille, je te pardonne d’avoir caché ta vraie « situation » avant le mariage, je te pardonne d’avoir menti chacune des journées et des nuits que j’ai partagées avec toi, je te pardonne pour les conséquences dramatiques que ces mensonges ont eues sur mon coeur et ma confiance en moi, je te pardonne de m’avoir écrasée comme tu l’as fait dans le seul objectif d’obtenir le droit de séjour, je te pardonne pour le bien-être matériel que j’ai pu t’offrir sans jamais rien recevoir en retour, je te pardonne ces années de tourment après avoir fait toute la lumière sur la duperie dont j’étais la victime, je te pardonne de ne m’avoir jamais aimée… Et je te pardonne pour n’avoir jamais demandé pardon …

Je te pardonne car je réalise tu étais une personne malade, une personne sans aucune dignité et principe … Et comme tu as été le fils d’une mère, le père d’un enfant, l’ami de certains et surtout une création de Dieu, je souhaite le repos pour ton âme tourmentée …

Je n’ai malheureusement aucun souvenir positif de toi mais tu m’as certainement ouvert les yeux sur ma propre naïveté et sur mes illusions … La Vie a voulu que je te rencontre pour une raison qui m’échappe encore, je n’en suis pas encore sortie grandie ou plus forte, mais peut-être que si ce n’avait pas été toi, une personne plus mauvaise encore aurait pu se jouer de moi … Ainsi, je remercie Dieu de m’avoir malgré tout protégée et je prierai pour qu’il te garde auprès de Lui … Pour mon salut à moi …

Vidéo Anti-Islam et Charlie Hebdo

Yeaaah Today, j’ai créé mon blog !!! Merci à ceux qui voudront (ou auront la patience de) me lire ! 🙂

Bon le premier article que j’ai envie d’écrire parlera de (roulement de tambour…) LA VIDEO ANTI-ISLAM ! BOOM ! Cause d’embrasement dans le monde arabe …blablabla … Phénomène que j’ai vraiment du mal à comprendre ou ce que je comprends c’est que nous sommes complètement devenus des « objets » (que l’on manipule à souhait) pour transmettre un Message à l’une ou l’autre « force » mondiale …

L’imam de Drancy, Hassen CHALGHOUMI, indiquait rapidement sur le plateau du Grand Journal du 17 septembre 2012 qu’il fallait mettre en lien les événements actuels avec les élections américaines (la position des USA sur l’Iran, etc.) — Cela rappelle, évidemment, les représentations diplomatiques saccagées, les drapeaux brûlés, plus d’une centaine de morts et la moitié de la planète en émeute, etc. pour les quelques caricatures danoises considérées comme autant de pêchés capitaux.

Le livre de Jeanne FAVRET-SAADA (2007 « Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins » – Paris : Les Prairies Ordinaires) démontrait très bien comment l’ambassadrice d’Egypte au Danemark, Mme Mona OMAR ATTIA, avait « instrumentalisé » ces caricatures de Mohamed pour faire alors d’Hosni MOUBARAK le véritable « défenseur de l’honneur du prophète » à la veille des élections législatives égyptiennes de 2005. En effet, les  Frères Musulmans avaient obtenu pour la première fois le droit à la candidature (en contournant l’interdiction constitutionnelle, selon laquelle les partis politiques confessionnels sont interdits, en se déclarant « indépendants »). On voit donc ici que « l’affaire des caricatures » n’avait déjà pas grand-chose de religieux…

Mais intéressons-nous au religieux justement ; est-ce qu’au-delà de ce « réflexe (de Pavlov) colérique » d’une masse manipulée selon les besoins électoraux des dirigeants, un musulman peut-il vraiment être à ce point-là blessé par la vision d’une représentation du Prophète ? …

Je pense que oui. Il faut déjà savoir qu’un musulman qui pratique 5 fois la prière par jour répète plusieurs fois par recueillement « lâ illâha illalâh » et  «Muhammadan rasul allâh » (il n’y a qu’Un seul Dieu : Allah, et Mohamed est Son messager). Ce qui veut donc dire, à mon sens et en essayant d’éviter la « psychologie de comptoir », que ce personnage religieux est non seulement ancré profondément dans le quotidien d’un musulman pratiquant mais fait partie également, en quelque sorte, de sa partie psychique la plus intime – la partie imaginaire où l’on demande pardon, conseil et soutien à une tierce personne plusieurs fois par jour … le prophète Mohamed occupe donc indéniablement une place unique dans la conscience et la vie des musulmans.

On peut déjà intuitivement deviner ici la blessure « intime » que provoque une critique violente vis-à-vis de ce confident spirituel duquel on cherche tant la promiscuité d’Esprit et de comportement …

Et cette critique, toujours selon moi, est mal comprise par tous ; d’une part, pour les « Occidentaux » la caricature et le dessin font partie du champ normal de la critique sociale (cette fameuse « liberté d’expression » qui semble devenir un concept « fourre-tout ») et d’autre part, pour les Musulmans, une énième critique de l’Islam (fondée ou non) dans un monde « où il n’est clairement pas bon d’être musulman » est prétexte à alimenter une mentalité de victimisation…

Il faut savoir que dans les pays musulmans où la liberté de la presse existe (ou est relativement tolérée) il existe aussi beaucoup de dessins et de caricatures qui mettent en cause la religion musulmane elle-même, l’hypocrisie de certains croyants, le caractère superficiel de la foi, le pouvoir exorbitant que s’accordent certains responsables religieux. Donc, Tariq Ramadan se trompe quand il expliquait sur le plateau télévisé d’RTS que l’ironie, le cynisme, la critique appartiennent à la culture européenne et que les arabes ne sont pas habitués à cela.

Ici le problème est malheureusement plus complexe que deux sensibilités différentes s’opposant sur le sujet de l’insolence de la caricature.

Loin de moi la prétention de vouloir expliquer ce phénomène « multiple » mais j’avais envie de rappeler quelques éléments qui expliquent la (ma?) confusion actuelle…

La religion musulmane est une des religions les plus ascétiques parmi les religions officielles d’Europe (depuis juillet 1974, l’Islam dispose en Belgique d’un statut équivalent à celui des autres cultes) – n’en déplaisent à des personnes comme Elisabeth Badinter, cet ascétisme est le plus souvent choisi (même s’il est souvent conditionné par l’identité arabe qui est souvent, selon Bichara Khader, une « identité-prison » – soit. Autre débat.) – et cet ascétisme est vécu avec le coeur, le corps tout entier à travers une autodiscipline exigeante, certes, mais à travers laquelle on est convaincu de devenir une personne Meilleure, aux yeux de Dieu mais également (et surtout) aux yeux de son prochain.

Evidemment cet ascétisme est jugé avec condescendance par les Européens qui se sont « désaffiliés » du religieux institutionnel et montrent une désaffection par rapport aux pratiques régulières (messes ou cultes hebdomadaires)

{Selon l’Eurobaromètre 2006, la religion est la dernière valeur choisie par les européens entre douze valeurs personnelles et valeurs représentatives de l’Union européenne proposées; selon cette enquête, les valeurs personnelles plus importantes sont: la paix (52%), le respect pour la vie humaine (43%), les droits de l’homme (41%) la démocratie (24%) et la liberté individuelle (22%); la religion est loin derrière (7%)} —–  Inutile de dire que pour un musulman pratiquant, la religion serait, elle, bien loin devant …

L’Islam, étant, il est vrai, une religion capable de déterminer les moindres détails de la vie d’un musulman, est généralement senti par les Occidentaux comme une croyance ne permettant pas (ou pas encore) la forme de réflexivité critique requise par la culture moderne, donc par conséquent, les Musulmans sont forcément « à la merci » des groupes islamistes…

Et ça, les Islamistes, on n’en a TOUS peur ! Que l’on soit Bleu-Blanc-Belge ou musulman pratiquant ! La population immigrée musulmane reçoit, elle aussi, des attaques de la part des islamistes  … Mais comment ces courants Salafistes, Hanbalistes ont-ils trouvé échos en Belgique ?

Qui a eu cette idée folle, par exemple, de donner les clefs de la Mosquée du Cinquantenaire en 1968, par bail emphytéotique de 99 ans, au roi Fayçal d’Arabie Saoudite ?

Comment a-t-on pu permettre en 1982 que le Centre Islamique et Culturel de Belgique soit officiellement rattaché à la Ligue Islamique mondiale (sur laquelle l’Arabie Saoudite pèse d’un poids déterminant) ?

Si les premiers immigrés musulmans du Maghreb avaient contesté la légitimité de cette « représentation » saoudienne, je ne suis pas sûre que les immigrés de deuxième, troisième génération « réalisent » aujourd’hui cette prépondérance de l’Arabie Saoudite dans l’organisation et la structuration des lieux de culte en Europe.  Enfin, je n’ai pas envie d’alimenter la paranoïa ambiante, je voulais juste souligner l’imprudence (ou la méconnaissance?) originelle de notre Etat belge. Et on s’interloque aujourd’hui de constater que des projets d’école secondaire musulmane (avec l’argent de nos généreux mécènes Saoudiens) voient le jour en Belgique …

 {Comme je m’y perds un peu moi-même, rappelons juste qu’il existe quatre grandes écoles juridiques en Islam Sunnite, fondées sous les Abbassides (750-1258)

1. L’école Hanéfite – créée par Abu Hanifa = son enseignement recouvre actuellement plus du tiers des musulmans sunnites.

2. L’école Malékite- fondée par Malik ibn Anas = son enseignement touche près d’un septième des sunnites, en majorité en Afrique du Nord.

3. L’école Shafiite – fondée par Abu Abdallah Muhammad ibn Idris al Shafii = son enseignement est prépondérant en Basse-Egypte, au Hedjaz et en Afrique orientale.

4. L’école Hanbaliste – créée par Ahmad ibn Hanbal, né à Bagdad, est la plus rigoriste –> Et si j’ai bien compris, le Salafisme s’inscrit dans la mouvance hanbaliste}

Aussi, on parle beaucoup (avec la Syrie) des Chiites et des Sunnites — Et comme d’habitude les débats s’alimentent sans revenir à la base de cette scission (purement politique) :

Pour rappel : à la mort du prophète Mohamed en 632 – La Communauté musulmane a déjà commencé à se déchirer sur la question de sa succession.

Quatre tendances s’affrontèrent :

  • Les Muhadjirins (les premiers convertis de la Mekke) pour qui le successeur devait être de leur rang
  • Les Ansar (les premiers partisans de Médine) qui revendiquèrent la même chose.
  • L’aristocratie Kuraïshite de la Mekke, qui, traditionnellement contrôlait les lieux saints de la ville.
  • Les Légitimistes, qui soutenaient la candidature d’Ali, cousin et gendre du prophète, en invoquant les liens de sang et qui estimaient que le pouvoir devait rester dans la famille hashimite en passant dans les mains des descendants légitimes de Mohamed, d’où leur nom.

La première tendance (les Muhadjirins) l’emporta et Abou Bakr, un des premiers convertis de la Mecque mais aussi l’un des gendres du prophète, fut élu, devenant le premier khalife (632-634) – le deuxième khalife sera Omar (634-644) – le troisième sera Othman (644-656) = ce troisième Khalife est important car c’est sous son règne, que l’on a compilé les sourates dans une classification unique qui sera le premier Coran (en 647 donc 15 ans après la mort du Prophète)

Et c’est seulement à la mort d’Othman que les légitimistes ont eu gain de cause car c’est Ali (qui était le cousin et le gendre de Mohamed car il avait épousé sa fille Fatima) qui régna entre 656 et 661 — vous allez me dire, ça valait bien la peine d’attendre 24 ans (!!) parce qu’en plus la proclamation d’Ali comme Khalife fut contestée par le gouverneur de Damas, le cousin d’Othman, l’Omeyyade Abû Sufyan. Vous suivez ?

Il y aura donc l’affrontement entre les troupes de ce gouverneur de Damas et les troupes d’Ali à Siffine en 657. L’arbitrage de Siffine sera favorable à l’Omeyyade Abû Sufyan (et ce sera le début de multiples divisions théologico-politiques au sein de l’Islam – c’est pourquoi on dit qu’il y a plus de 70 tendances/courants dans l’Islam !!) — Donc en bref, Ali sera reconnu khalife en Irak et en Iran TANDIS QUE Abû Sufyan sera proclamé Khalife en Syrie, Palestine, Egypte et Hedjaz.

 { { NB : l’Ibâdhisme, branche du Kharidjisme (les dissidents), qui est en quelque sorte la troisième obédience de l’Islam (religion officielle du Sultanat d’Oman) a été également constituée lors de cet arbitrage de Siffine } }

Et donc après la mort d’Ali en 661, ce gouverneur de Damas transformât le califat en monarchie héréditaire puisque les Omeyyades gouverneront le monde musulman de 661 à 750. Vous suivez toujours ?

 Et voilà, c’est ainsi que s’est créé la deuxième obédience de l’Islam = le Chiisme       (> shî’at Ali = les partisans d’Ali) qui désigne ceux qui sont restés fidèles à Ali et surtout pour désigner la tendance qui s’est constituée, après la mort d’Ali, sur la base de la contestation de la dynastie Omeyyade.

Donc encore une fois, rien de très religieux dans tout ça, n’est-ce pas ? Al-Ashmawy écrit : « l’histoire islamique est dominée par des conflits de caractère tribal dissimulés sous le manteau de la religion«  et ça me rend dingue de voir qu’aujourd’hui on se lynche toujours autant entre Sunnites et Chiites alors qu’il y a 14 siècles, ça devait être déjà simplement une « bagarre de gros sous » entre les différentes tribus du Moyen-Orient.

La dispute est, selon moi, d’autant plus stérile que la Charia (la voie à suivre) sunnite et la Charia chiite sont pratiquement les mêmes, tous deux incluent :

  • le Coran
  • la Sunna avec les Hadiths (sauf qu’à la différence des sunnites, les Chiites considèrent que non seulement la parole du prophète a une valeur canonique mais également celle des Imâms – les descendants en ligne directe de Mahomet par sa fille Fatima et son cousin Ali)
  • Ijtihad (interprétation – arrêtée au 10ème siècle)
  • Fiqh (jurisprudence islamique)

 { { F.Y.I. les Hadiths (tradition prophétique) sont des cas de problèmes juridiques concrets de la vie quotidienne qui se réfèrent à l’exemple du Prophète et de son entourage — En fait, les croyants musulmans ont été très vite confrontés au problème de l’interprétation du texte sacré, ainsi on a commencé à rapporter, de génération en génération, sous forme orale, les faits et dires du Prophète Mohamed pour savoir comment interpréter le Coran. La codification des Hadiths n’a eu lieu qu’au 9ème siècle (c’est-à-dire 200 ans après la mort du Prophète) — C’est un peu, si l’on me permet la comparaison, comme les évangiles pour les Chrétiens.

Il y a donc six recueils canoniques, rédigés entre le 9ème et le 10ème siècle, qui s’établirent chez les sunnites et Quatre livres (al kutub al-arba’) composés entre le 10ème et 11ème siècle, chez les chiites duodécimains.

Le plus lu chez les Sunnites est le recueil de Bukhârî (Al-Sahîh) qui contient environ 7300 hadiths (qui se ramènent à 2762 si l’on supprime les répétitions) classés en 97 chapitres thématiques. } }

En fait, ce qui distingue les Chiites des Sunnites c’est la foi en la mission des Imâms (imâmat) et la foi en la justice de Dieu.

La doctrine chiite postule la nécessité de l’imâmat en raison du besoin permanent de l’humanité d’avoir un maître incontesté en matière religieuse et un chef infaillible guidé par Dieu. >< Tandis que chez les sunnites, il n’y a pas de Clergé — même s’il y a les Cheikh (vieux sages qui exercent une autorité morale) et les « fameuses » fatwas qui sont des avis juridiques donnés par des religieux autorisés, les muftis, en réponse à des questions posées par des croyants. Cela peut se faire par un contact personnel, mais les médias modernes peuvent également être utilisés. Mais normalement chez les Sunnites, le lien entre le croyant et Dieu est direct.

DONC pour le Chiisme, les Imâms transmettent le sens caché du Coran (qui est la révélation de Dieu). Et le premier Imâm pour les Chiites n’est autre qu’Ali, le 4ème Khalife – que l’on a évoqué ci-dessus.

Il existe actuellement trois branches principales dans le Chiisme :

  • le Chiisme duodécimain (ou imâmite) qui existe principalement en Iran : considère que la succession du prophète va à Ali et ses onze descendants.
  • Le Chiisme ismaïlien, que l’on trouve surtout en Inde et au Pakistan : ce sont les partisans d’Ismaïl, fils de Ja’far, sixième imâm.
  • Le Chiisme zaydiya, essentiellement au Yémen : ce sont les partisans de Zayd ibn Ali plutôt que ceux de Muhammad ibn Ali dans la succession de Husayn, troisième imâm.

L’ordre et le nombre d’Imâms diffèrent selon les tendances chiites.

Pour les Chiites duodécimains, le cycle de la Walaya (autre manière de désigner l’imâmat) comporte 12 Imams. Tous les Imâms sont morts d’une mort violente, à l’exception du dernier imâm (caché). — En effet, le 12ème Imâm aurait disparu en 874, date qui clôt le cycle de la Walaya. Il n’y a donc plus d’intermédiaire humain entre le ciel et la terre et cette situation ne prendra fin qu’au retour de l’ « imâm caché » (occultation majeure).

En effet, la « manifestation » de l’Imâm caché (Zhuhûr) délivrera le monde des ténèbres, de l’injustice et de la corruption.

NB : De nombreuses personnes se sont revendiquées être l’imâm caché et toutes furent exécutées O_o’ ...

Le 1er Imam Ali et le 3ème Imam Husayn sont des personnages religieux importants autour desquels s’est construite toute la vision du monde Chiite. Le Chiisme va ainsi développer une martyrologie complètement étrangère au Sunnisme.

  • Ali (1er Imam et 4ème Khalife) sera assassiné par un musulman Sunnite. On raconte qu’il ne mourra pas tout de suite et que pendant son agonie, il ne cessera de s’inquiéter du sort de son assassin, en désirant que sa famille ne souffre pas de son acte. (Belle Histoire quand même, non?) — On commémore très fort la mort d’Ali, symbole du bien.
  • Husayn (3ème imâm) sera sauvagement exécuté lors de la fameuse « Bataille de Kerbala » car il refusera de faire allégeance au nouveau Khalife Omeyyade Yazid 1er. — C’est l’un des épisodes les douloureux de la mémoire Chiite.

Aujourd’hui les musulmans Chiites essaient d’expier le péché de ne pas avoir soutenu Husayn en se frappant violemment (« ta ‘zié »). On diffuse souvent les images de personnes ensanglantées lors de cette fameuse fête Chiite de l’Achourahttp://www.lemondedesreligions.fr/actualite/la-fete-chiite-de-l-achoura-07-12-2011-2070_118.php

En Iran, c’est sous les Safawides, au moment où le Chiisme fut imposé religion d’Etat, qu’apparut véritablement un corps de théologiens, les Uléma, le Clergé Chiite qui sont, en l’absence de l’Imâm du temps, les intermédiaires entre les hommes et les Imâms. Le taqlid (l’imitation d’un modèle) remplaça la walaya.

Mon propos est de démontrer que cette « Communauté musulmane », sujet à tous les fantasmes les plus grotesques (l’idée par exemple d’une vaste conspiration fomentée par tous les Musulmans à travers le monde contre l’Occident) N’EXISTE PAS !

D’ailleurs, le rapport du Conseil de l’Europe sur la « Dimension religieuse du dialogue interculturel » (rapport du 25 mars 2011 qui mérite lecture http://assembly.coe.int/Main.asp?link=/Documents/WorkingDocs/Doc11/FDOC12553.htm), met en exergue cette difficulté d’obtenir une représentation, un interlocuteur unique pour la religion musulmane en Europe, tant les pouvoirs publics sont confrontés à une pluralité d’associations, de groupements musulmans, qui toutes incarnent des conceptions différents de l’Islam !

Aujourd’hui, Charlie Hebdo a de nouveau sorti, en couverture, une caricature du Prophète.

Comme je pressens que l’on va encore assister à des débats lamentables autour de la liberté d’expression, je voulais juste aborder pourquoi cette image heurte sincèrement la sensibilité des Musulmans pratiquants, en expliquant tout d’abord pourquoi la représentation figurative a été interdite dans l’Islam.

Le seul verset du Coran – le plus souvent cité – comme ayant pu conduire à une interdiction des images « ô les Croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées (ansâb), les flèches de divination ne sont qu’une abomination, œuvre du Diable. Ecartez-vous en, afin que vous réussissiez. » (Sourate 5 – Al Ma’idah, la table servie – verset 90).

Il faut se rappeler que Mohamed venait avec un message strictement monothéiste dans un environnement païen et luttait fermement contre le polythéisme. Les pratiques cultuelles de l’Arabie antéislamique s’adressaient à des divinités représentées sous forme de statuettes et plus souvent par de simples pierres. Donc le Coran interdit l’adoration des     « pierres dressées ».

Il n’est nullement question d’ « images ». Mais comment le Coran aurait-il pu interdire un culte des images qui, selon toute vraisemblance, n’existait pas (ou presque) en Arabie ?

C’est donc dans les Hadiths que l’on trouvera une attitude nettement hostile à l’égard de tout ce qui est figure ou figuration et, le plus souvent, cette condamnation est sans équivoque.

Louis Massignon, dans son analyse « Les méthodes de réalisation artistique des peuples de l’Islam » réduit à 4 le nombre de condamnations formelles de l’image et de l’art par l’Islam :

1)    « Les anges n’entreront pas dans une maison où il y a un chien, ni dans celle où il y a des images » (Bukhâri, titre 77, 87). Mises sur le même plan que le chien (un animal considéré comme impur), les images et les chiens souilleraient les endroits où ils se trouvent (les rendent donc impropres à la prière). Rappel : dans l’épisode de la conquête de La Mecque en 630, Mahomet dut détruire les 360 idoles qui se seraient trouvés dans la ka’aba avant de pouvoir y accomplir la prière « Lorsque toutes les idoles furent emportées, le prophète entra dans le temple et fit une prière de deux prosternations » (Tabarî, 1980 : 282)

2)    « Aisha, la femme préférée du prophète, avait confectionné et suspendu des rideaux en utilisant un tissu sur lequel il y avait des images d’êtres animés. Le prophète voyant cela, se fâcha ; Aisha en fit alors des coussins, ce à quoi le prophète n’eut rien à redire » (Bukhâri, titre 77, 91) La préoccupation de ne pas susciter un culte ressort clairement de ce récit : suspendue devant soi, la représentation figurative n’est pas admise ; si elle se trouve en revanche sur le sol, elle peut être tolérée car on ne pourrait diriger sa prière vers un objet posé par terre.

3)    Ceux qui produisent des images seront condamnés dans l’au-delà : Dieu obligera les artistes à insuffler une âme à leurs créatures. N’y parvenant pas, car Dieu seul a le pouvoir de créer, ils seront condamnés au feu de l’enfer : « Certes, ceux qui font ces dessins seront châtiés au jour de la Résurrection ; on leur dira : donnez la vie à vos créations. » (Bukhâri, titre 77, 89, 2) – Dieu les mettra au défi de créer une âme, soit une manière de rappeler qu’il a seul le monopole de la création complète. Ici, une remarque linguistique qui a son importance : en arabe, et dans le Coran lui-même, le verbe signifiant « faire », « former » (sawwara) est synonyme du verbe qui veut dire « créer » (khalaka). Dieu, ainsi, n’est pas seulement al-Khaliq, le Créateur, mais également al-moussawir, le modeleur. Or le mot « moussawir » désigne également le peintre qui, de la sorte, apparaît comme le concurrent de Dieu, motivé par un dessein de nature blasphématoire.

4)    La dernière thématique concerne la peinture et la question de la miniature (art qui n’est pas spécifiquement musulman). La règle est là aussi, interdiction de toute représentation de figure animée. Toutefois, certains sujets rencontrent moins d’opposition : ce sont ceux où ne réside aucun esprit vivant « arbres, fleurs et choses ». DONC pour placer dans une miniature, l’image d’un être animé, il suffira par exemple, de la décapiter ou de le mutiler, de manière à le rendre manifestement inapte à exprimer la vie. Louis Massignon cite à ce propos un récit (sans toutefois en indiquer la source) ; un miniaturiste persan interroge le jurisconsulte Ibn Abbâs « mais quoi ? Ne pourrai-je plus peindre d’animaux ? Ne pourrai-je plus exercer mon métier ? » « Que si, lui dit Ibn Abbâs, mais tu dois décapiter les animaux pour qu’ils n’aient pas l’air vivant et tâcher de faire qu’ils ressemblent à des fleurs ».

Les arguments évoqués dans les Hadiths Chiites pour expliquer l’hostilité à l’égard des images sont similaires à ceux invoqués dans les Hadiths Sunnites.

On comprendra donc que si le dogme islamique condamne unanimement l’image en tant que telle (des ulémas fondamentalistes interdisent même la photographie!), un dessin désacralisant le Prophète Mohamed ne peut être vu que comme un blasphème de haute intensité (même si certains courants musulmans sont très prudents vis-à-vis de la fiabilité historique des Hadiths qui, comme rappelé ci-dessus, n’ont été codifiés que 200 ans après la mort du prophète – mais soit, c’est aussi un autre débat).

Mais la colère excessive des Musulmans pour chaque « atteinte » aussi insignifiante soit-elle à l’image du Prophète (et pour moi la vidéo anti-Islam est une atteinte insignifiante qui ne méritait même pas que l’on en parle plus de 3 secondes et demie) relève surtout, selon moi, d’un phénomène hérétique qui est apparu au sein même du monde musulman ; le culte de la personnalité de Mohamed — Hérétique parce l’Islam condamne le culte aux morts, car il peut découler sur le pire des pêchés, l’association à Allah (ash shirk).

Chez certains musulmans, la dévotion vis-à-vis du Prophète est à ce point démesurée (mimétisme plus ou moins prononcé avec les attitudes qu’a pu avoir le Prophète dans sa vie quotidienne, on a même dû encercler la tombe du Prophète d’une haute muraille pour empêcher que les Musulmans ne fassent leurs prières en s’orientant vers elle, etc.) qu’ils transgressent en fait eux-mêmes l’interdit le plus ferme du Coran : l’association à Allah. « Certes Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne quelqu’un comme associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allah quelqu’un comme associé commet un énorme péché. » (Sourate 4 – Anisa les femmes – verset 48).

En effet, le polythéisme serait le seul pêché impardonnable aux yeux de Dieu. Dans un Hadith, le Prophète Mohamed mettait en garde les Musulmans:  » Ne me louez pas comme les Chrétiens ont loué le Fils de Marie ».

Le prophète s’est toujours présenté comme un simple messager, il n’a d’ailleurs instauré que deux fêtes en Islam qui sont El Aïd Al Adha (Fête du sacrifice – ou comme on dit, de manière regrettable, de par chez nous, « la fête du Mouton » alors qu’en fait c’est ANTI la fête pour les pauvres Moutons lol) et El Aïd Al Fitr (Fête de rupture du jeûne).

La fête de l’anniversaire du prophète Al Mawlid al Nabawi (le 12 du mois lunaire Rabia al Awal) n’est qu’une coutume prise et prisée dans certains pays, elle n’est pas dans la Sunna. D’ailleurs le Prophète Mohamed n’est jamais décrit comme un « surhumain », il a été en proie à de longues périodes de manque de confiance en lui-même et de désespoir total et, selon certaines sources, tenta même de se suicider. Il craignait beaucoup d’être fou ou d’avoir vu un démon plutôt qu’un ange.

Bon ceci dit, que ce soit dans le respect des Hadiths ou dans cette mouvance transgressive de « déification » populaire du Prophète, le Prophète Mohamed a toujours été un prophète « sans visage » ; si l’on peut trouver des miniatures qui ont contourné l’interdit de la représentation de figure humaine (les compagnons du Prophète ou les anges sont dessinés avec tous leurs traits : bouche, yeux, oreilles, etc.), le visage du Prophète est quasiment toujours caché d’un blanc ou recouvert d’un voile. — Comme par exemple sur cette image http://expositions.bnf.fr/parole/grand/012.htm

De fait, la représentation du Prophète a toujours été TABOU – je suis étonnée que l’on ne mentionne jamais les faits qui ont précédé les vagues de colère liées aux caricatures ou liés à ce film imbécile « Innocence of Muslims ».

Déjà, en 1926, le comédien égyptien Yûsuf Wahbî avait dû jouer le rôle du prophète dans un film tourné en Egypte et réalisé par Wedad Orfi, un metteur en scène turc. Une campagne de presse se déchaîna contre ce film et le roi d’Egypte, Fouad 1er, menaça d’exiler l’acteur et de le priver de sa nationalité égyptienne.

En 1947, la loi égyptienne sur la censure fut renforcée interdisant non seulement de représenter le prophète mais aussi sa famille, les quatre premiers Khalifes Abou Bakr, Omar, Othman et Ali, ainsi que ses plus proches compagnons, même de manière symbolique en montrant par exemple leur ombre (!).

Dans les années 70, un cinéaste italien a voulu faire un film sur la vie du prophète, l’ensemble des Docteurs d’Al-Azhar (université théologique du monde islamique) se sont dressés contre ce projet, criant au scandale et au sacrilège, en sorte que le gouvernement égyptien dût intervenir officiellement à Rome pour empêcher cette réalisation. Le film a quand même fini par être réalisé en 1976-1977, mais c’est un cinéaste sunnite qui a conduit l’entreprise : Moustapha Akkad, syrien de nationalité américaine. Il l’a fait avec prudence, en respectant les principes émis en 1947 par la censure égyptienne, en ne montrant jamais le visage ni des compagnons, ni du prophète – de qui l’on entend seulement la voix rappeler de temps en temps la parole sacrée, les versets du Coran ou les Hadiths.

Mais malgré les précautions prises, ce film « El-Risâla » (Le Messager) – que vous pouvez voir librement sur Dailymotion (par exemple ici http://www.dailymotion.com/video/x5dwli_le-message-el-risala-le-film-1-9_news) ne fut ni montré en Egypte, ni en Arabie Saoudite ; sa projection à Washington fut à l’origine d’une prise d’otages par un groupe extrémiste issu des Black Muslims.

Donc voilà ce que je voulais dire (si brièvement ! lol) : même si la communauté musulmane est une construction virtuelle, même s’il n’existe pas une communauté musulmane soudée autour d’une position, d’un leader, d’une pensée, etc. beaucoup de Musulmans sont vraiment heurtés dans leurs cœurs quand on ridiculise le Prophète – et que l’on n’arrête de traduire cette colère comme une rigidification contre l’Occident ! Cette sensibilité religieuse autour du Prophète a toujours existé …

J’aimerais terminer en rappelant qu’il y’a eu des vidéos beaucoup plus blasphématoires que celle dont on entend tant parlé aujourd’hui (notamment celle du parti d’extrême droite danois en octobre 2006, diffusant l’image du Prophète Mohamed comme un chameau buveur de bière et un terroriste ivre attaquant Copenhague) et ces dernières n’ont provoqué aucune réaction de la part des Musulmans. Ceci est bien la preuve que ce sont les Hauts religieux qui décident lorsqu’il est l’heure de « laver l’honneur du Prophète » ou pas. Donc chers amis, arrêtons d’être des Moutons…

Zazufira pour ce soir je crois (rires)

Nu ou habillé, personne ne mérite d’être violé !

L’Institut d’enquête économique du gouvernement brésilien (IPEA) avait publié le 27 mars 2014 les résultats d’une vaste étude sur la « tolérance sociale à l’égard des violences faites aux femmes » qui a fait beaucoup de bruits.

http://www.ipea.gov.br/portal/images/stories/PDFs/nota_tecnica/140327_notatecnicadiest11.pdf

L’Institut s’était quelque peu emmêlé les pinceaux et avait d’abord déclaré que 65,1% des personnes interrogées (soit 3810 personnes des deux sexes) avaient acquiescé à cette affirmation : « les femmes portant des vêtements qui laissent voir leurs corps méritent d’être violées » et 58,5% considéraient que « si les femmes se comportaient mieux, il y aurait moins de viols ».

Ces chiffres avaient provoqué l’ire de la Présidente du Brésil, Dilma Rousseff et avaient mobilisé plus de 30.000 femmes à se mobiliser sur Facebook autour du projet de la journaliste militante Nana Queiroz qui demandait aux femmes de publier des photos d’elles en petite tenue en arborant le slogan « Je ne mérite pas d’être violée » (#EuNaoMereçoSerEstuprada)

Depuis, le Directeur de cet institut d’enquête a corrigé ces chiffres le 4 avril 2014 : ce sont en fait 26% des répondants qui estiment que les femmes trop peu vêtues « méritent d’être violées ». EN REVANCHE, le chiffre de 58,8% d’interviewés (c’est-à-dire 6 Brésilien(ne)s sur 10!) qui considèrent que « si les femmes se comportaient mieux, il y aurait moins de viols » reste inchangé.

La journaliste française, Caroline Fourest, commentait ces chiffres sur le plateau d’Elisabeth Quin dans l’émission 28 minutes (4 avril 2014) : « on a tendance à penser que le patriarcat, cette mentalité de complaisance envers le viol, n’appartient qu’à des pays hyper traditionnels (…). Malheureusement, le patriarcat, la culture du viol, c’est vraiment quelque chose d’hyper universel, c’est sans doute la chose la plus universelle au monde, quel que soit le pays ».

Cette enquête m’avait rappelé cette vidéo « It’s your fault » dans laquelle l’animatrice Juhi Pandey et la comédienne Kalki Koechlin dénoncent avec un humour noir et cynique la culpabilisation des victimes d’agressions sexuelles.

(Traduction du texte anglais en français dans cet article : http://www.madmoizelle.com/viol-video-culpabilisation-victimes-200853)

Cette vidéo avait été diffusée après la vive émotion qu’avait provoquée la mort de la jeune femme indienne de 23 ans, Jyoti Singh, violée en décembre 2012 par six individus dans un bus à New Delhi avant d’être jetée nue sur la route et de décéder de ses blessures à l’hôpital. (http://www.slate.fr/lien/67021/histoire-victime-viol-inde-Jyoti-Singh)

Un événement tragique, malheureusement tristement banal dans cette ville surnommée « la capitale du viol », comme le rappelle la journaliste Rashmee Roshan Lall : « En 2011, une enquête sur l’égalité sexuelle menée par l’International Centre for Research on Women, basé à Washington, révélait qu’un Indien sur quatre avait déjà commis dans sa vie des violences sexuelles et qu’un sur cinq avait déjà forcé sa partenaire à avoir des relations sexuelles avec lui. » (« L’Inde a un problème avec les femmes » http://www.slate.fr/story/66755/inde-femmes-viol)

Le Docteur Denis Mukwege, spécialisé dans la chirurgie réparatrice et qui a fondé en 1999 l’hôpital de Panzi à Bukavu – dans la province du Sud-Kivu de la République démocratique du Congo –, qui a déjà soigné plus de 40.000 femmes congolaises victimes de viol, se bat pour secouer les consciences et dénonce l’inaction de la communauté internationale pour faire cesser les atrocités du Kivu : « plus de 500 000 femmes ont été violées au Congo depuis 1996. Avec cruauté et barbarie. Souvent de façon planifiée, organisée, mise en scène. Car il s’agit bien d’une stratégie. D’une arme de guerre. Et celle-ci est d’une efficacité redoutable ».

Denis Mukewege plaide pour mettre en place une « ligne rouge » en ce qui concerne les actes de viols , une ligne rouge au-delà de laquelle toute la communauté internationale doit intervenir : « Les armes chimiques, biologiques, nucléaires ont des effets à long terme. Eh bien le viol, c’est pareil ! Les personnes restent apparemment en vie. En réalité, les familles, les villages, les sociétés sont détruites. Sur des générations.« 

(« Le Dr. Mukwege, infatigable défenseur des femmes violées en RDC, lauréat de la Fondation Chirac » (21 novembre 2013) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/11/21/le-dr-mukwege-en-guerre-contre-les-viols-en-rdc-laureat-de-la-fondation-chirac_3517519_3212.html)

Une « ligne rouge » apparemment clairement franchie en Syrie, d’après la récente enquête effroyable d’Annick Cojean, journaliste pour Le Monde, qui a interrogé les femmes rescapées des geôles de Bachar el-Assad : « C’est le crime le plus tu, perpétré actuellement en Syrie. Un crime massif, organisé par le régime et réalisé dans les conditions les plus barbares. Un crime fondé sur l’un des tabous les mieux ancrés dans la société traditionnelle syrienne et sur le silence des victimes, convaincues de risquer le rejet par leur propre famille, voire une condamnation à mort »

(« Le viol, arme de destruction massive en Syrie » (4 mars 2014) http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/03/04/syrie-le-viol-arme-de-destruction-massive_4377603_3218.html)

Les réalités de ces victimes rendent éminemment condamnable toute complaisance vis-à-vis du viol.

Nu ou habillé, personne ne mérite d’être violé !

L’Eurobaromètre

Souvent dans les articles portant sur l’Europe, les auteurs citent l’Eurobaromètre pour conforter leurs propos – comme si l’Eurobaromètre était l’instrument de mesure infaillible du degré d’europhilie ou d’euroscepticisme parmi les Nations européennes.

Voici quatre raisons pour lesquelles il faut prendre avec davantage de précaution les résultats de ces sondages d’opinion.

(voir l’article de Philippe ALDRIN. « les Eurobaromètres entre science et politique »).

Aujourd’hui la Commission européenne a tendance à présenter l’Eurobaromètre comme un instrument de gouvernance capable de livrer aux décideurs européens, ainsi qu’aux partenaires institutionnels de l’Union européenne, les attentes des citoyens. Ils choisiront, par exemple, l’agenda et le plan de communication en fonction de l’Eurobaromètre. Ainsi, le dispositif de l’Eurobaromètre est présenté comme un outil au service du citoyen alors qu’il est surtout un instrument politique au service de la Commission.

Pourquoi?

1) « La propension à recourir à des « principes politiques » (Bourdieu 1979) pour juger des questions politiques n’est distribuée ni également, ni aléatoirement dans la société »

En effet, beaucoup d’analyses démontrent les logiques élitaires de structuration des opinions et attitudes à l’égard de l’Europe en mettant en évidence l’importance du niveau d’éducation, de la profession et du niveau de revenus.

En somme, il apparaît très clairement que l’adhésion au projet européen est avant le tout le fait d’une « élite » sociale : plus précisément, plus les individus sont diplômés, plus ils possèdent de hauts revenus et plus leurs positions sont élevés dans la hiérarchie professionnelle, plus ils ont de chance d’être très favorables au processus d’intégration européenne (vision qui peut bien évidemment être critiquée)

Les eurosceptiques seraient alors intrinsèquement « pro-Etat » ? Une enquête CEVIPOF-SOFRES de 1997 avait démontré que le clivage symbolique principal ne se situait pas entre les « pro-Etat » et les « pro-Europe », mais plutôt entre les universalistes et les anti-universalistes.

Ce constate se trouve confirmé par le créateur même de l’Eurobaromètre, Monsieur Rabier qui écrit en 1979 : « La possession de compétences à l’égard d’abstractions politiques intensifie la probabilité d’adopter une perspective politique cosmopolite plutôt que locale. Ainsi, ceux qui font preuve de hauts niveaux d’information et de conscience politique sont relativement aptes à s’identifier à L’Europe en général, plutôt qu’à la province ou à la Nation dans laquelle ils vivent. Toutes choses considérées par ailleurs, ceux dont la perspective est cosmopolite ont tendance à soutenir l’intégration européenne ».

Une étude de De Lassalle (2011 – « Les mondes de l’Europe ») démontrait comment les professionnels de l’Europe avaient constitué un « monde à part d’expatriés », si bien que même les lobbyistes et les journalistes doivent maîtriser l’Ethos privilégié au sein de ce monde pour y avoir accès (filtre très puissant). Nous pouvons alors nous interroger : si déjà la maîtrise du capital relationnel, le capital linguistique constitue déjà un fil très sélectif au sein même des institutions européennes, comment espérer obtenir une mesure réelle de l’opinion publique européenne si les répondants (qui expriment par ailleurs clairement leurs désintérêts pour l’Europe) sont soumis aux mêmes codes du langage européen lors des enquêtes ?

Nous pouvons ainsi supposer que seule une partie infime des répondants comprennent l’ « univers mental partagé » du microcosme bruxellois et par là, répondent conformément aux attentes des sondeurs.

Malheureusement, ces Eurobaromètres n’ont nulle objectif de comptabiliser les incertitudes, les désaccords ou l’indifférence des citoyens européens mais ont pour objectif premier la mesure du soutien, de l’attachement indéfectible des citoyens européens à la construction européenne.

2) « Le crédit des Eurobaromètres repose en grande partie sur le caractère rigoureux, d’apparence scientifique, de leur méthodologie ».

En effet, les Eurobaromètres seraient indiscutablement (puisque scientifiques) le reflet fidèle et objectif de l’opinion publique européenne. Au niveau européen, nous sommes dans un mode de gouvernance technicisé si bien que le répertoire d’actions s’est restreint au seul domaine de l’expertise (l’UE aurait récupéré le militant pour en faire un expert).

« L’action publique (européenne) est fondamentalement conçue dans un sens pragmatique c’est-à-dire comme une démarche politico-technique de résolution de problèmes via des instruments ». (Pierre Lascoumes et Patrick Le Galès – 2005. « Gouverner par les Instruments »)

On peut alors imaginer que l’Eurobaromètre est  un instrument au service de la gouvernance européenne.

L’Eurobaromètre est également une institution au sens sociologique du terme puisqu’il constitue un ensemble plus ou moins coordonné de règles et de procédures qui gouverne les interactions et les comportements des acteurs et des organisateurs.

Et c’est ce que Philippe Aldrin met en évidence : « un instrument n’est jamais réductible à une rationalité technique pure ; il est indissociable des agents qui en déploient les usages, le font évoluer et composent à partir de lui des communautés de spécialistes ».

Derrière l’apparente neutralité scientifique de l’eurobaromètre, la finalité qui l’anime serait son instrumentation en termes d’action publique c’est-à-dire qu’il est utilisé comme un moyen d’orienter les relations entre la société politique européenne et la société civile.

3) « La distance matérielle, cognitive, symbolique des citoyens européens avec la réalité communautaire »

En fait, le désintérêt et/ou la méconnaissance à l’égard de l’Union européenne sont plus répandus que les signes de réprobation, et plusieurs mesures ont été mises en place pour pallier son déficit de légitimité pour interpeller l’opinion publique européenne.

Par là, on peut imaginer que dans le souci de construire une façade de l’Union européenne qui se préoccuperait de ses citoyens, l’Eurobaromètre a été pensé comme une des « pratiques et mesures concrètes développées par les instruments européens afin de prendre en compte cette société civile européenne ».

D’ailleurs l’Eurobaromètre ferait partie des actions de sensibilisation européenne puisqu’elle fait partie des projets transnationaux financés par l’Union européenne pour favoriser une « dimension européenne ».

4) « Les questions susceptibles de mettre au jour ou d’attiser les tensions entre les États Membres sont supprimées »

Les clivages sont annihilés ; il faut éviter à tout prix les conflits au niveau européen.

En effet, dans le concept de gouvernance apparu dans les sciences politiques pour rendre compte des changements perceptibles dans les modes de gouvernement dans la plupart des pays occidentaux, on associe de plus en plus les acteurs dans un système en réseau pour élaborer les politiques.

Cette mobilisation consensuelle de tous les acteurs pour augmenter la légitimité a certaines limites, comme la négligence de la dimension d’exercice du pouvoir et la diffusion d’une conception un peu lisse du style « tout le monde est partenaire pour œuvrer au bien commun ». L’Eurobaromètre tire entièrement profit de cette configuration fluide, changeante et dans laquelle l’opinion public serait un enjeu central.

——

Malgré les limites méthodologiques que présente l’Eurobaromètre (opinion politique, instrumentalisation, dépendance excessive à cet outil), l’outil ne semble pas perdre sa forte valeur d’utilité. Il semblerait d’ailleurs que la valeur d’utilité de l’Eurobaromètre l’emporterait sur ses faiblesses : la forte instrumentalisation de l’Eurobaromètre (dans les ouvrages, colloques scientifiques, etc.) a tendance à mettre de côté les discussions critiques sur le fond de cet outil.

Ne soyons pas des moutons……

Faraway countries of European Union…

« For the champions of the Cold War, Eastern Europe, it seems, is a collection of faraway countries of whom we know nothing » (Edward Lucas, European Voice)

Il est inévitable en Europe de devoir « traiter » d’une manière ou d’une autre notre passé commun, pour ainsi tourner nos réflexions vers un dessein commun, « pour éclairer les conditions de construction de l’Europe commune » (LE GOFF, 2003) et plus précisément pour activer le lien des citoyens à la « communauté imaginée » européenne.

Mais comment affilier à la Nation européenne les pays de l’Europe de l’Est alors qu’ils sont constamment pointés du doigt pour leur ancienne vulnérabilité face à la tentation totalitaire ?

Les historiens expliquent les velléités d’indépendance en Pologne, en Hongrie ou en Tchécoslovaquie face au joug soviétique par leur tradition sociopolitique et économique plus proche de l’Europe occidentale que de l’Europe orientale.

La résistance « suprême » de ces trois pays – par rapport aux autres pays du bloc de l’Est – s’expliquerait donc par leurs affinités plus profondes avec la culture occidentale. S’impose alors une première interrogation : « en quoi l’esprit  « révolutionnaire » serait-il l’apanage de l’Europe dite occidentale ? ».

La Révolution française de 1789 a certes profondément marqué l’histoire des révolutions, car pour la première fois étaient réunies les dimensions culturelles de l’essence de la révolution, au sens moderne du terme, c’est-à-dire que « la croyance dans la destruction du passé et la création d’un nouvel âge de vertu apparaissent complètement sécularisés et transformés en une croyance dans les pouvoirs de l’homme pour fabriquer de ses propres mains un monde supérieur » (GOLDSTONE, 1989). Et effectivement, les pays de l’Europe de l’Est ont échoué à abattre l’ancien régime.

Mais n’y a-t-il pas, d’une part, quelque chose d’une « infiltration sournoise du nationalisme dans le néo-européisme français »(MORIN, 1990) dans cette façon de considérer la Révolution française non plus comme un événement de l’histoire des Français mais comme une révolution européenne ?

Et d’autre part, les explications « culturalistes » pour justifier le fossé socio-économique entre les deux Europe sont une manière de renier les trésors d’expériences, de sagesses et de subtilités qu’offrent ces cultures slaves.

Cela donne la désagréable impression que l’on impute à l’essence d’un peuple son « auto-persécution » soviétique, alors que – faut-il vraiment le rappeler ? – « si les pays d’Europe dominés par l’URSS n’étaient pas démocratiques, ils souhaitaient cette démocratie » (MORIN, 1990). 

De plus, l’Europe européenne a été davantage marquée par les absolutismes, despotismes, bonapartismes, fascismes, et des dictatures ont continué à s’imposer en Europe (Portugal, Espagne, Grèce) jusque dans les années septante.

En quoi le « malheur russe » serait-il plus blâmable ?

Le constat, plus de deux cents ans après, que les promesses contenues dans le mythe de la Révolution française ont été si peu souvent concrétisées et que la mémoire collective européenne est elle-même polluée de « tabous » historiques (« syndrome de Vichy », etc.), le critère d’un passé totalitaire ne devrait pas être un critère de démarcation entre les véritables héritiers de la  « chère vieille Europe » et les prétendants à l’être.

Pour paraphraser Edgar Morin, si la Révolution française fut démolition et reconstruction de la pensée, pourquoi ne pas envisager un recommencement corollaire de la pensée dans ces pays postcommunistes ? A-t-on besoin, selon un mécanisme connu en psycho-sociologie, de peindre une image négative des États de l’Est, afin de contribuer à différencier l’ »endogroupe » et à faire acquérir aux « vieux » citoyens européens une identité collective positive ?

« L’Europe à élire est l’Europe qui a été capable d’élaborer des points de vue méta-européens. C’est celle-là qui serait capable d’intégrer, dans sa dialogique, les points de vue extra-européens » (MORIN, 1990) Car, il ne faut pas oublier que si pour les nations de la périphérie de l’Empire, l’effondrement du communisme a été perçu comme une libération, pour les Russes, il est aussi vécu comme une humiliation. Par là, « l’idéalisation euphorique » et la « vaniteuse auto-complaisance » européenne empêcheront sans doute encore longtemps un dialogue d’égalité entre l’Union européenne et la Russie.

A l’heure où l’on essaie de cristalliser une conscience de l’identité européenne au sein des Vingt-sept (bientôt Vingt-huit), il n’est pas très judicieux de juger si sévèrement l’ampleur des dégâts de la période communiste dans les pays de la « périphérie ». « Le sociologue hongrois Elemer Hankiss parle de « névrose de l’arriération » qui renvoie à un certain complexe d’infériorité, à l’embarras des intellectuels devant l’histoire de leurs nations. » (RUPNIK, 1992).

Effectivement, dans ces pays, la sortie du communisme s’est faite sous le mot d’ordre du « retour en Europe ». Dès lors, ce renvoi systématique à un déficit de légitimité à prétendre à l’Europe judéo-christiano-gréco-romaine, berceau de la démocratie, démesure le vieux dilemme de l’Autre Europe « écartelée de nouveau entre son identification historique à la culture européenne (médiévale, baroque, celle des Lumières) et aux modèles politiques occidentaux et les réalités de son « arriération » économique ou sociale » (RUPNIK, 1992).

On a pu observer la véhémence de cet écartèlement au sein du monde politique ukrainien lors des confrontations presque sanglantes entre les mouvements « pro-occidentaux » et « pro-russes » au sein même du Parlement lorsque le nouveau président ukrainien Viktor Ianoukovitch a signé avec Dmitri Medvedev un accord sur la prolongation de 25 ans du bail de la base de la flotte russe de la mer Noire en Crimée, qui expirait en 2017.

Il est notable en effet de constater à quel point les pays de l’Europe centrale et de l’Est s’acharnent à vouloir faire disparaître les symboles de l’ancien régime afin de rétablir une continuité rompue avec l’Europe.

Mais « les Nations, comme les individus, ont besoin de pouvoir se regarder dans la glace à l’aube d’une ère nouvelle. Les historiens sont ce miroir. Ils sont les psychanalystes de leurs nations dont l’histoire est le subconscient » (RUPNIK, 1992).

Leave History to historians…..

Allez, un peu d’Europe quand même !

Bon, comme d’habitude, quand ont lieu les débats sur le fond, les apports des experts, les possibilités d’action citoyenne, etc. Tout le monde s’en fout …

Même quand on signe ces textes, tout le monde s’en balance…

Et vlà-t’il pas que maintenant que l’on va ratifier ces textes … C’est la GUEEEEEERRE ! Evidemment !

Donc j’ai ressenti le besoin de mettre de l’ordre dans tout ça – Faut-il « suivre » aujourd’hui Daniel Cohn-Bendit ou My Mista lova-lova Jean-Luc Mélanchon?

BON. Il y a deux nouveaux Traités européens :

Le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (aka TSCG) – Signé le 2 mars 2012 et en cours de ratification dans les différents pays …

Cliquer pour accéder à 08_-_tscg.fr.12.pdf

Le Traité instituant le Mécanisme Européen de Stabilité (aka MES) – Signé le 11 juillet 2011 et ratifié le 27 septembre 2012

Cliquer pour accéder à 06-tesm2.fr12.pdf

——– Pour comprendre ces deux Traités, il faut revenir au Traité de Maastricht (7 février 1992)

Tout d’abord, pourquoi on a signé un nouveau Traité, 6 ans après l’Acte Unique (1986) ? La Réunification Allemande ! BOOM ! Il faut se rappeler que François Mitterrand et Margaret Thatcher étaient HORRIFIES par l’idée d’une réunification allemande ; la crainte d’une 3ème Guerre Mondiale OU PIRE (mon « pire » est ici cynique – bien évidemment) l’Allemagne ne va-t-elle pas se rapprocher de MOSCOU?? Ta ta daaaaam …

OUF ! Helmut Kohl accepte de réaffirmer son ancrage dans la Communauté européenne en acceptant d’abandonner le Deutschmark, avec en contre-partie l’engagement des 12 pays européens d’accélérer l’Union politique (F.Y.I la Bundesbank – aka la Buba – était en 1989-1990 la Banque la Plus Puissante d’Europe ! Donc c’est un moment assez exceptionnel dans l’Histoire de la Construction européenne)

Bon, donc ok –> Pour l’Union politique : on élargit les Compétences de la Communauté dans les domaines comme l’environnement, la santé, la politique sociale, l’énergie, la recherche et la technologie, la protection des consommateurs + on créé la citoyenneté européenne, etc.

(F.Y.I. C’est à ce moment-là que la « Communauté Economique Européenne » (CEE) est devenue uniquement la « Communauté Européenne » (CE) vu que son champ d’action s’est vu s’étendre à d’autres domaines que « uniquement » l’économie – la CE devient alors le premier pilier de « l’Union européenne », créé donc par ce Traité de Maastricht – L’Union européenne, qui, est, à ce moment-là, fondée sur 3 piliers (structure d’un temple grec) — oui, pardon, je vous embrouille là un peu…Et de toute façon on s’en fout… ) 

Et pour l’Union Monétaire –> Pour « rassurer » les Allemands, on choisira un Euro FORT avec PEU d’inflation. On décide des Fameux « CRITERES DE MAASTRICHT » ; le déficit public doit être inférieur à 3%, la dette publique doit être inférieure à 60%, le taux de change doit être stable, etc.

En fait, c’était vu un peu comme un « donnant-donnant » pour l’Allemagne ; elle acceptait de faire partie de la Zone Euro et donc de ce fait d’y apporter sa crédibilité MAIS il fallait que les autres pays qui allaient bénéficier de sa crédibilité montrent qu’ils peuvent gérer efficacement leurs budgets… 

Ce qui est malheureux, c’est que ces différents critères, fixés en 1992, ont été choisis après une phase de croissance ! Donc on a choisi ces critères en regardant l’évolution économique des années antérieures qui était « bonne » (difficile d’avoir un déficit élevé et une dette importante lorsque l’économie va bien ! Duh!) MAIS – évidemment – la situation a changé depuis!

Mais l’Allemagne avait peur qu’une fois la Zone Euro mise en place, les pays européens ne feraient plus aucun effort — DONC dans la continuité des critères décidés à Maastricht, on décide, lors du Traité d’Amsterdam (1997) de mettre en place un PACTE DE STABILITE ET DE CROISSANCE (PSC)En fait, le « C » pour Croissance n’avait aucune raison d’être puisqu’il s’agissait d’un Pacte budgétaire Restrictif … Enfin … 

L’idée est de mettre en place des programmes de surveillance multilatéral : programme de stabilité pour les pays de la zone Euro et programmes de convergence pour les pays non-Euro. Ainsi, la dette publique de ne doit pas dépasser 60%, le déficit public annuel est plafonné à 3% du produit intérieur brut national et une clause de non-reflouement (no-bail-out) doit empêcher les Etats surendettés de l’Union Economique et Monétaire de compter sur la solidarité communautaire.

Des sanctions doivent être AUTOMATIQUES si les pays dépassent ces marges — Ha-ha! Mais DEVINEZ qui sera la première couillonne à tomber en déficit excessif après l’adoption de ce PSC (après le retournement conjoncturel en 2001) ? … L’ALLEMAAAAGNE !! (Alors que vous l’avez compris, c’était elle qui avait venue avec cette exigence de déficit limité) !

Bon ben Sanctions alors ? … Oui ? … Non ?? … Ah Bah non ! Le Conseil n’osera finalement pas sanctionner « ce poids lourd » de l’UE —- Ainsi, en 2003, le Conseil ECOFIN décide de suspendre les procédures engagées contre l’Allemagne et la France (Ah oui ! La France aussi est tombée en déficit en 2003) et le PACTE DE STABILITE ET DE CROISSANCE est de facto suspendu.

Ce qui explique la colère du Ministre Polonais des Affaires Etrangères, Radoslaw Sikorski, quand il dit :  « I believe the blame for the crisis should fall where it’s due, on those who broke the stability pact, and it wasn’t us » (EuropeanVoice – 11 novembre 2011. p. 13.) – Tu l’as dit bouffi !

 Donc la question de l’automaticité des sanctions restera en suspend … Jusqu’en 2010 ! Ta daaaam ! Le 29 septembre 2010, la Commission européenne propose un Paquet de 6 propositions législatives visant à renforcer la gouvernance économique (paquet de mesures que l’on a appelé « SIX-PACK »).

En décembre 2011, le SIX-PACK est adopté — avec notamment un dispositif de sanction plus dissuasif …

http://lexpansion.lexpress.fr/economie/pacte-de-stabilite-comment-l-europe-va-punir-les-mauvais-eleves_263206.html

C’est pourquoi la Belgique a cessé de rigoler quand la Commission européenne a évoqué la possibilité de la sanctionner en 2012 (une amende de 0,2% de son PIB) … Car la sanction allait réellement tomber en cas de dérapage …

Et VOILA pourquoi on a mis en place un projet de PACTE BUDGETAIRE – qui n’est en fait « que » la reprise de ces différents règlements … Le fameux Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG) ! Tu vois l’enroule ? LOL !

Donc j’ai envie de dire à « nos » politiciens, ça ne sert à rien de péter un câble maintenant puisque le projet suivait déjà son petit bonhomme de chemin depuis deux ans … Via cette fameuse méthode Monnet dite « des petits pas »… Mais on peut en effet commencer à dénoncer ce principe du SPILL-OVER, d’engrenage fonctionnel … qui a notamment pour conséquence un certain secret et l’absence de débat politique …

CRIS SHORE (dans un article de mai 2011 – « European Governance or Governmentality? ») prédisait la fin du « saint-simonisme » européen ;

« Europe was built in a St. Simonian way from the beginning, this was Monnet’s approach. The people weren’t ready to agree to integration, so you had to get on without telling them too much about what was happening. Now St. Simonianism is finished. It can’t work when you have to face democratic opinion » (p. 292).

Bon qu’est-ce qu’il y a dans ce TSCG ? 

LA FAMEUSE « REGLE D’OR » – qui désigne tout simplement, dans le vocable franco-allemand, l’équilibre budgétaire.

TITRE III PACTE BUDGÉTAIRE – ARTICLE 3 

  1. La situation budgétaire des administrations publiques d’une partie contractante est en équilibre ou en excédent;
  2. b)  la règle énoncée au point a) est considérée comme respectée si le solde structurel annuel des administrations publiques correspond à l’objectif à moyen terme spécifique à chaque pays, tel que défini dans le pacte de stabilité et de croissance révisé, avec une limite inférieure de déficit structurel de 0,5 % du produit intérieur brut aux prix du marché.  

Si vous avez suivi ma (superbe) (oui, allez, je sais que vous le pensez – LOL) démonstration, vous aurez remarqué que le critère pour le déficit n’est plus de 3% mais de 0,5% ! (Alors qu’en 2009, il n’y avait QUE la Finlande, le Luxembourg et Chypre qui avaient réussi à ne pas dépasser les -3% de déficit!) (ET l’Irlande, l’Espagne, la Grèce dépassaient les 10% donc bonne idée, j’ai envie de dire, de réduire le critère à 0,5%!)

Mais bon, ici, on parle de déficit STRUCTUREL – Késaco ? Cela désigne la différence négative entre les recettes et les dépenses habituelles de l’Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale (impôts, taxes et cotisations côté recettes, salaires, prestations sociales et investissements côté dépenses). Autrement dit, il est différent du déficit public global dont on parle dans le débat politique, qui comprend, lui, l’ensemble des recettes et des dépenses, qu’elles soient ou non habituelles. Pour calculer le déficit structurel, on inclut les charges d’intérêt de la dette.

Donc, ici, pour le calcul, on exclut les dépenses exceptionnelles qu’un gouvernement pourrait engager pour soutenir l’économie, ainsi que les dépenses conjoncturelles liées à la mise en œuvre de « stabilisateurs automatiques », comme certaines prestations sociales qui croissent automatiquement en cas de récession avec la montée du chômage. Par là, ce Traité n’a pas souhaité interdire les déficits en général (les déficits « temporaires » pour lutter contre une récession ou parce qu’on a besoin de temps pour rembourser sa dette restent, si l’on peut dire, autorisés). L’objectif est d’obliger les Etats à financer leurs dépenses courantes par leurs recettes courantes et non par l’emprunt. 

Mais cet « effort structurel » est-il vraiment pertinent ? La communauté des économistes semble s’accorder sur ce point : il n’existe AUCUNE justification économique à la règle d’or – il s’agit donc bien d’un critère idéologique …

Faut-il rappeler qu’avant la crise, l’Espagne et l’Irlande respectaient les critères de convergence du traité de Maastricht ? En 2005, 2006 et 2007, l’Espagne respectait déjà en quelque sorte la règle d’or (surplus budgétaire), puis elle a plongé en 2008 en raison de la crise, et non d’un manque de vertu budgétaire. Mieux : avant la crise, l’Irlande était en surplus budgétaire depuis 1997, avec une seule année de déficit en 2002 (-0,4 % du PIB…). La voilà en 2010 à -32,4 % du PIB…

Bon Zazufira pour ce soir ^^ … (Parce que vous me connaissez hein ! « My Limit is the Sky » … ha-ha) Mais la suite bientôt …

Mes anciennes élucubrations américaines … San Francisco…

Il faut savoir que San Francisco est considéré comme la ville où l’on peut se reposer de l’Amérique ! (Rires)

En effet, dans les quelques villes où j’ai été, il n’y a rien à faire, les minorités ethniques restent fortement entre elles, avec leurs manières d’être, leurs cultures, etc. Et évidemment, les Mexicains (les « Chicanos » ou encore comme dirait John Fante, les « Greasers »), les Noirs, les Philippins (y’en a beaucoup ici en Californie) ont tous les boulots chiants (serveurs, portiers, taximan, etc.). On voit rarement des Blancs faire des « petits » boulots :/… Et bien à San Francisco, c’est le seul endroit aux Etats-Unis (dixit le Petit Routard) « où vous pourriez rencontrer un couple chinois, homo et adepte du piercing, se déhanchant sur une musique latino en sirotant un cocktail Martini » ! Haha !!

Bon je vous avoue que ça ne m’a pas plus marqué que ça, mais San Francisco a clairement un passé de révolutionnaire hippie ! (F.Y.I. « hippie » voudrait dire d’ailleurs en argot noir « ceux qui ont pigé » ). On n’a malheureusement pas eu le temps d’aller jusqu’à Haight-Ashbury, le quartier hippie de San Francisco… Mais ici, à L.A., les San franciscains sont stigmatisés comme de vrais « tapés » encore maintenant… (dixit mon professeur à L.A.).

On a par contre eu l’occasion d’aller au Fisherman’s Wharf (ancien quartier des pêcheurs) où l’on a pu déguster la spécialité du coin : la fameuse CLAM CHOWDER

Une soupe crémeuse aux palourdes dans une boule de pain au levain maison qui fait office de bol. On mange d’abord la soupe à la cuillère avant de croquer dans le pain tout imbibé… C’était vraiment bon !

… Et on a pu apercevoir depuis la baie, ALCATRAZ !!! TAM TAM TAAAAM !!! hahaha ! Le pénitencier le plus célèbre des Etats-Unis ! La prison dont on ne pouvait PAS s’échapper (enfin il parait que 5 détenus ont quand même réussi à s’évader, mais on ne sait pas si leurs corps ont été emportés par les courants froids – car c’est l’eau froide qui rend la traversée à la nage pratiquement impossible ! et pour empêcher les prisonniers de s’habituer à l’eau froide, on leur donnait systématiquement des douches bien chaudes !)… Pour info, Alcatraz a accueilli le fameux AL CAPONE en 1934 et la prison a été fermée par Robert Kennedy en 1963 « en raison de sa vétusté » … L’île fut ensuite occupée par des Indiens Sioux qui voulaient alerter l’opinion sur leurs conditions de vie, mais ils furent chassés au bout de 2 ans… Et donc depuis 1973 c’est un musée d’Etat ! A savoir, comme c’est archi-bondé, pour aller jusqu’à l’île, il faut réserver plusieurs semaines à l’avance !!!! O_o’

San Francisco, c’est aussi la ville des HOMELESS (ou street people). En fait cette situation très particulière s’explique par la volonté du gouverneur, Ronald Reagan, à la fin des années 1970 de faire des économies dans le budget de l’Etat en fermant bon nombre d’institutions s’occupant de malades mentaux légers… Pensait-il que comme ça ils allaient s’évaporer ? …

Bref, Evidemment, San Francisco c’est aussi les rues tortueuses sur les collines qui donnent sur la mer ! Magique !! Le premier jour on a pris le bus touristique, on a été ainsi sur le GOLDEN GATE BRIDGE !!! Of course ! (on l’appelle comme ça parce que lors de la GOLDEN RUSH c’était par là que l’on pénétrait dans le pays de l’or !!)

Il est long de 2737 mètres exactement et moi et Elodie on l’a traversé à pied (OUI MADAME ! hahaha) … Aussi il faut savoir que chaque semaine (!!) 25 peintres utilisent 2 tonnes de minium pour entretenir le pont ! Bref, c’est THE truc touristique donc ! Mais on a eu un tel beau temps, que la vue sur San Francisco depuis le pont était incroyable !! On a eu d’ailleurs beaucoup de chance avec le temps !!! Tout le monde à L.A. me disait de prendre des vêtements bien chauds car Hemingway l’avait écrit :

Le pire hiver que j’ai jamais passé, c’est un été à San Francisco!

Normalement il fait très frais, avec beaucoup de brouillard (F.Y.I. le meilleur moment pour visiter San Francisco c’est le printemps !) …

On a évidemment pris aussi le « Cable Car » : le seul système mobile au monde opérationnel toute l’année et le seul classé Monument historique ! Il n’y a pas de moteur à l’intérieur des Cable car ils sont tractés le long des rails par des câbles continuellement en mouvement !! Ce système existe depuis 1873 ! Aujourd’hui, il n’en reste plus beaucoup (le maire voulait même les supprimer !) : seulement 3 lignes et une quarantaine de Cable Cars (alors qu’avant il y en avait un toutes les 15 secondes en période de pointe !!) …

Mes anciennes élucubrations américaines … New York …

Cela faisait longtemps que je voulais « copier/coller » quelque part les longs mails que j’avais envoyé aux amis (lecteurs courageux) de mon voyage Etasunien … ^^ Donc voici mes quelques anciennes observations … pour la postérité… (rires)

Colum McCann a écrit ceci (c’est moi qui traduis de l’anglais…) (Meuuute! Je déconne ! c’était un article du Géo Voyage) :

New York n’a pas le style de Paris. Peu de la beauté de Rome. Peu de l’élégance historique de Londres. Peu, aussi, de la douce désespérance de Dublin. Mais cela n’a pas d’importance. New York est la cité d’un éternel « maintenant » où il n’y a ni ordre ni fin, où le jour se fond dans la nuit comme un clin d’oeil au coin de la rue, où aujourd’hui compte plus que demain mais où vos triomphes de la veille ne seront plus grand-chose la semaine prochaine. New-York est une forme de fiction, une vue de l’esprit, un récit dans lequel vous pouvez entrer et cheminer à tout moment et dont vous sortirez aveuglé ou bouleversé ou émerveillé

C’est exactement le sentiment que j’ai eu ! Comment peut-on tomber autant amoureuse d’une ville « qui sent les ordures à chaque rue » (j’étais à New York en été), avec son ambiance brutale, anarchique ?! Comment ai-je pu autant aimer cette ville ? … Et réellement, je trouve que McCann a raison quand il dit que « New York est une vue de l’esprit »,… On est émerveillé car on est (presque) tous des enfants de la télé n’est-ce pas ? Comment ne pas se sentir éblouie par tous ces immeubles que l’on a vu 1000000(0000) fois à la télévision? Par ces habitudes New-Yorkaises que l’on a vu faire par nos acteurs préférés ? Bref, le cliché ! Mais c’est vrai… New York est « comme à la télé » (rires)

Et puis à New York, chaque rue est un monde ! Chaque rue est une nouvelle possibilité ! Tous les quartiers de New York ont une senteur, une âme différente ! Soho, Chelsea, East Village, Upper West Side, Upper East Side, Harlem … c’est dingue que sur une petite presque-île, tant de « mondes de sens » différents se mélangent, Manhattan est réellement pleine de surprises ! et c’est ça qui est … électrique ! On sent vraiment que cette ville est le fruit d’un brassage constant de différentes identités…

Contrairement aux clichés que l’on peut avoir de ces « gros pollueurs d’américains » ;

  • Le nouveau maire de New York, Michael Bloomberg, est en train de faire de New York une ville super écolo … Par exemple, en 2012, TOUS les taxis de la cité devront adopter la propulsion hybride !
  • Les pratiques alimentaires ont apparemment hyper évoluées aux Etats-Unis, par exemple il y a une chaine de supermarchés bio trèèèès en vogue ici qui s’appelle « Whole Foods Market » (sorte de hyper grands « Shanti »- pour ceux qui connaissent l’épicerie bio de l’avenue Buyl) – bon les prix sont assez élevés et ça reste un peu « bobo-écolo-chic » mais quand même ! Tu en trouves partout et tu vois à New York énormément de personnes se promener avec le sac de ce magasin !
  • Aussi, à Brooklyn, il y a à présent sur les toits des entrepôts énormément d’exploitation agricoles ! Genre la « brooklyn grange » c’est 3500 mètres d’exploitation de légumes, fruits, aromates pour les restos du coin ! Chouette non ? Il y a réellement ce phénomène de « locavore » où l’on commence à privilégier les ingrédients locaux, etc.
  •  Dans tous les « greenmarkets » (le plus célèbre est celui d’Union Square) on peut y apporter ses épluchures à jeter dans un bac à compost !

Et en fait, la Californie n’est pas mal non plus dans ce domaine ! Contrairement encore aux clichés ! J’ai lu par exemple que la Californie avait lancé l’opération en 2009 « un million de toits solaires » et les compagnies californiennes d’électricité ont aussi l’obligation de produire 20% d’énergie renouvelable depuis 2010 ! Le maire de Los Angeles a également annoncé le remplacement de 140 000 ampoules des lampadaires et feux de signalisation par des diodes électroluminescentes – ce qui ferait l’équivalent de 6000 véhicules en moins en terme de pollution !

Bon, j’arrête mon passage écolo, c’est juste que tout ça m’a vraiment étonné car depuis l’échec de Copenhague, j’avais vraiment stigmatisé les américains comme des gros consommateurs inconscients, mais en fait ici on sent que la chose est vraiment pris au sérieux…

Dans ce pays « de la peine de mort et de l’injustice sociale », y’a rien à faire : on reste sur le cul devant leur savoir-vivre étonnant et leur civisme exemplaire ! Rien que « ramasser les crottes de son chien » – geste simple que personne ne fait en Europe (n’est-ce pas ?) ou en tout cas avec difficulté – ici TOUS les promeneurs de chien le font !! Geste évident ! Il y a aussi énormément de machines qui s’ouvrent si tu mets juste la monnaie du truc que tu veux acheter, c’est-à-dire la machine s’ouvre complètement et tu te sers comme tu veux ! Et les gens prennent UNIQUEMENT l’élément pour lequel ils ont mis une pièce… Et s’il arrive qu’une personne outre-passe cette règle, les américains n’auraient aucun problème à la remettre à sa place quant au respect des règles ! (chose qui selon moi manque cruellement à la Belgique – personne ne dit jamais rien quand un con de marrochino se comporte comme un enculois à Bruxelles… Ici, ils feraient moins les malins, surtout que la police ici est super respectée, donc pas la peine d’essayer de transgresser, si ils te chopent, ils ont pratiquement tous les droits !) – bref, c’est vraiment quelque chose d’impressionnant – Et en plus il sont hyper serviables s’il vous arrive un pépin ! Impensable chez nous.

Bon les américains aussi adorent les gros bazars où l’émotion à 3francs 50 déborde de partout ! Tellement cliché ! Par exemple, l’autre jour, à San Diego, on était à « SEA WORLD » en train de regarder un show avec des orques (qu’on appelle ici SHAMU ! drôle hein ?) … Bref, le show commence et dégouline déjà d’images sucrées dorées sur un grand écran (images d’enfants rigolant avec des orques, avec musique hyyyyper touchante à fond ! – bref, vous voyez un peu le bazar ?) quand une meuf arrive et commence un discours (avec évidemment musique poignante en arrière-fond) sur le mérite des soldats américains « you’re our new héros, please stand up! » et les quelque militaires présents dans la salle ont commencé à se lever et les applaudissement ont duré plus d’une minute (c’est long !!) (je te promets que c’est long!) … Je me suis dit « What THE Fuck !?!?? » tu viens voir des SHAMU et on te fait un speech de 5 minutes sur la beauté du dévouement des soldats américains !?? Mais qu’est ce que je m’en fous !?? Ou est le rapport !??? En plus dans un énorme truc touristique !???? … On traite ici Obama de communiste, la société américaine devrait peut-être d’abord se regarder dans le miroir ! quelle propagande à la con ! En plus, ici, toutes les 2 minutes y’a une publicité pour rejoindre l’armée à la télé ou à la radio, le principal argument : « vous pourrez comme ça entrer dans une université ! »… O_o’

Et bon pour finir avec New York, je voulais aussi vous raconter le futur World Trade Center ! … En plus, on parle déjà ici dans tous les journaux des 10 ans du 11 septembre, ça va être larmoyant à souhait le 11 septembre 2011 chteu l’dis … Pour info : c’est le projet de Libeskind qui avait été retenu lors du concours de 2003 pour la reconstruction du bazarrrr c’est-à-dire deux vastes bassins en granit figurant en creux des stèles funéraires, sur les côtés desquelles seront gravées les noms des 2976 victimes du « nine eleven » … Libeskind avait aussi imaginer une tour, la « freedom tower » surmontée d’une flèche élancée cristallisant l’espoir d’un peuple, l’immeuble devrait faire 1776 pieds (541 mètres) en hommage à la date d’indépendance des Etats-Unis :p …  Mais le truc le plus KITSH, c’est que Daniel Libeskind a ménagé un espace vacant entre les futurs buildings du site de façon à ce que les rayons du soleil illuminent l’emplacement des Twin Towers tous les 11 septembre, aux heures PRECISES de leur destruction !! … Fou quand même hein ??

La fin des travaux est fixée à 2014. Quand on y avait été, on voyait déjà la moitié de la « freedom tower » d’un peu partout dans la ville …

Mais ce que je voulais partager avec vous, c’est le rapport des américains avec le surnaturel… ça reste toujours très troublant. L’autre jour, en revenant d’Hollywood (une journée normale quoi… hahaha ! Comment je friiiiime !! C’est même pas vrai en plus loool) bon bref, en revenant de là-bas, j’ai vu de par la fenêtre du tram (la « blue line », si quelqu’un connait, si quelqu’un s’en préoccupe lol) une IMMENSE mais une IMMMMMENSE affiche de … JESUS !!!  – ah ben tiens j’ai retrouvé les photos 😀

… Non, mais sérieux hein, elle était immense ! Plus grande qu’une pub pour Coca Cola sur Times Square (c’est dire !) hahaha ! Non mais j’ai aussi vu pas mal d’églises avec une entrée encore plus éclairée, mieux décorée que le tapis rouge pour les oscars ! … Cela m’a perturbé car à mon sens, en Occident, nous évoluons vers une vision du religieux relevant de la sphère privée (d’où touuut le blabla d’ailleurs sur les turbans des Sikhs, les foulards des femmes musulmanes, etc. sur la voie publique) et là, aller à l’église, ressemble au truc le plus cool que tu puisses faire de ta vie ! Genre tu vas t’éclater, tu seras aimé de tous, c’est le TOP quoi ! Bon je ne dis pas que c’est mal hein !? Mais le PLUS étonnant, c’est quand les églises carillonnent l’hymne national ! … !! … 

Rien à faire, ici, religion et patriotisme sont totalement imbriquées… A chaque mètre tu vois un drapeau américain (d’ailleurs, j’avais fait cette photo marrante  d’un drapeau américain au dessus du Logo MacDonald … Soooo cliché, RIGHT ? hahaha)

Mais il est clair que pour un grand nombre d’Américains, afficher son appartenance à la Grande Nation Américaine est un geste évident ! Et depuis le 11 septembre, parait-il, les drapeaux pullulent de partout ! Et justement, à propos de ce lien (chelou – selon moi) patriotisme/religion, le GROUND ZERO MUSEUM à NYC est à l’image de ce que sont devenus les Américains après le 11 septembre ; il n’y a que des images de personnes agenouillées comme en prière devant les gravats du 11 septembre, un morceau d’acier en forme de croix tombé du 67ème étage, une bible retrouvée dans les ruines et ouvertes au chapitre 11 de la Genèse (la tour de Babel) ; bref on ne lésine pas sur le divin !!! (Alors que ce serait pas mal d’informer les américains sur les vrais tenants et aboutissants du conflit Orient/Occident… Enfin je dis ça moi … ). Je vous lis une remarque faite par un journaliste – Rafael Magrou – à ce propos (que je trouvais cocasse) :

Ceci surprend dans cette ville qui n’a jamais été particulièrement bigote, ni confite dans la sacralisation du passé (…) Mais peut-être que depuis septembre 2001, New York est vraiment américaine…

En plus, on me disait avant de partir de faire gaffe à ne pas partager ici nos théories européennes sur le « complot 11 septembre », et pourtant ! Un gardien de ma résidence à New York (James – qui veut devenir chanteur, et je vous jure que putain de merde, il a la MEME voix qu’Usher !) … Bref ce James m’a raconté que, de source sûre (!!), l’élimination inopinée de Ben Laden viendrait du fait que les armées américaines ne recevaient plus d’argent !? Alors ils se sont dit « hop on nique le gars pour enfin rentrer à la maison » ! Théorie comme une autre, mais que je trouvais intéressante à partager…

Bon cet article risque de me faire fichée dans une liste étrange des services secrets ! hahaha ! Surtout qu’avec le renforcement de la surveillance intérieure sous la présidence Obama : l’administration fédérale emploie aujourd’hui 33.000 personnes pour écouter les conversations téléphoniques des Américains ! — Personnellement, je trouve ça dingue… Mais cela ne m’empêchera de revenir à New Yooooork 🙂 🙂

Mon Petit Woody

Mon petit Woody,

Te souviens-tu quand pour la première fois je t’ai vu à la « Croix Bleue » ? En fait, je me souviens très bien qu’à peine m’avais-tu vu, tu es parti de l’autre côté de la cage faire connaissance avec ton futur Maître, Tatiana, ma mère … (en gros, t’avais déjà pas trop accroché avec ma tronche loool)

Sais-tu qu’en fait, à la veille de ma fête d’anniversaire pour mes 16 ans, l’émission « Main à la Patte » avait diffusé un reportage douloureux sur l’abattage des chiens dans les chenilles, s’ils ne trouvaient pas très vite une nouvelle famille d’accueil … Ma mère a donc pensé que l’adoption d’un chien serait un cadeau merveilleux pour mon anniversaire … (Mouais – Je t’avoue Woody, je n’étais vraiment pas ravie par cette idée) …

A la « Croix Bleue » (http://www.la-croix-bleue.be/) nous étions complètement perdues ma mère et moi : « quel chien choisir? » … Nous n’y connaissions absolument rien – Moi j’ai craquouné sur toi, mon petit Woody, car tu me rappelais Bill de la BD « Boule et Bill » que je dévorais quand j’étais enfant (d’ailleurs le personnage de Bill aurait pu être inspiré de ton propre caractère, rusé et coquin…) … Mais mon ancien beau-père nous conseillait un autre chien, un Pinscher moyen (si je me souviens bien) mais une responsable de la Croix Bleue insistait, de toutes ses forces, que l’on te prenne, toi, Woodaï (comme t’avait un jour appelé Sanaa ^^ – et surnom que l’on a continué à utiliser…)

Ma mère se souvient qu’un couple nous regardait avec insistance de loin, et elle est convaincue aujourd’hui qu’ils venaient de te ramener au chenille (car il faut déjà le dire, Woody, tu étais pète-couille ! Mais d’une Force!!) et que si nous ne t’avions pas pris avec nous, la Croix Bleue aurait dû sans doute faire le choix de t’endormir …

Te souviens-tu qu’une semaine seulement après ton arrivée parmi nous, je voulais te renvoyer à la Croix Bleue ? En effet, tu pissais partout, on avait déjà dû t’emmener deux fois chez le vétérinaire (avec la formidable découverte que les vétérinaires sont hors-de-prix sur Bruxelles) … Ma mère travaillant tout le temps, la tâche de s’occuper de toi m’incombait et ne me ravivait en rien … Mais Tatiana, tragédienne (soviétique) dans l’âme, t’a sauvé avec cette intimation : « c’est moi ou lui! » … ET voilà comment tu as fait partie, à part entière, de notre famille …

Je me souviens que lorsque l’on t’avait accueilli, tu avais une mine toute malheureuse, tu avais l’air tout vieux … On ne savait pas ton âge, mais ils avaient estimé à 4 ans à l’époque (la croix bleue) … Et puis un jour tu as aboyé, mon père et moi étions ébahis ! (Rires) – Si je savais que tu n’allais plus jamais fermer ta gueule pendant 12 ans, j’aurais peut-être tempéré mon enthousiasme ce jour-là …

Je me souviens comment tu t’es accaparé, quasi spontanément, le canapé du salon … Plus moyen de s’y asseoir sans un grognement de contrariété de ta part …

Je me souviens comment, un jour, Farah et moi t’avons surpris en train de pratiquer l’onanisme (oui – n’ayons pas peur des mots ! LOL) et ton petit zizi tout rouge a traumatisé, pendant longtemps (peut-être encore maintenant?) ma jolie Farah …

Je me souviens quand ma mère a rencontré le frère de ton ancien propriétaire (qui t’avait en fait perdu) et que l’on a découvert que ton vrai nom était HILTON … Tatiana a continué à t’appeler Woody mais moi, pendant tout un temps, pour te gronder, je constatais que tu réagissais beaucoup plus spontanément au nom d’Hilton …

Quand tu es arrivé dans ma vie, j’étais devenue pratiquante musulmane  … Et le chien étant considéré comme un animal impur dans la Sunna, je me souviens que j’évitais de te toucher au maximum car à chaque contact avec toi, je devais me re-laver entièrement pour la prière (de toute façon les premières années tu ne nous laissais pas te toucher, tu es resté très longtemps farouche) … Et j’entendais des choses tellement aberrantes de la part des Musulmans à propos des chiens : « tu dois brûler tes habits quand un chien te touche » « les anges ne rentrent pas dans une maison avec un chien » … Tu as peut-être joué un rôle dans mon recul réflexif vis-à-vis de cette religion…

Je me souviens que tu m’as ouvert les yeux sur mon ancien amoureux quand, un jour,  il me hurla dessus après que ma mère ait eu l’audace de rentrer, avec toi, dans sa maison familiale … « Ta mère et son chien » disait-il avec condescendance … Cela me blessait profondément, et tu m’as peut-être aussi permis, mon petit Woody, de me rendre compte à quel point je ne partageais pas la même philosophie de vie que mon ancien compagnon …

J’avoue qu’encore aujourd’hui, cette impureté imputé aux canins dans la tradition prophétique de l’Islam me laisse plus que perplexe … C’est peut-être terriblement niais de ma part de le penser, mais pour moi, les Chiens sont généralement d’une telle Beauté que c’est eux qui me réconfortent dans l’idée d’un Créateur originel … Enfin, je ne comprendrai jamais ceux qui pensent que « les animaux n’ont pas d’âme » ou quelques imbécilités de ce genre …

Je me souviens quand tu avais épaté mon père, un jour où, ne comprenant pas les raisons de ton aboiement intempestif, tu lui avais apporté ta laisse pour lui faire comprendre qu’il était l’heure de la promenade …

Je me souviens quand un jour tu m’as mordu jusqu’au sang – en haut de la cuisse droite – alors qu’à cette époque, ma famille du Maroc passait ses vacances chez nous … Mon jeans était en sang et c’est mon ancien amoureux a dû m’emmener en urgence … Encore une fois, Tatiana t’a sauvé, convaincue (je vous ai dit que c’était une tragédienne dans l’âme?) que j’avais fait exprès de t’énerver pour qu’on aille te piquer … (Mouais. Comme je cicatrise mal, j’aurais peut-être trouvé un autre moyen si j’avais cet esprit si machiavélique – rires)

Je me souviens quand un jour, profitant de mon manque d’attention, tu t’étais faufilé en-dessous de la grille qui menait à la maison du Bourgmestre de Saint-Josse … Maison gardée par un immense chien de garde ! J’ai eu la peur de ma vie – je pensais sincèrement qu’il allait te dévorer en moins de deux … Mais difficilement, tu as réussi à ressortir à temps … Ouf ! Quelle peur j’avais eu ce jour-là !! (Bon, et c’est vrai, surtout la crainte des représailles de ma mère, convaincue de mes intentions les plus superbement malsaines O_o’)

Je me souviens aussi comment je soudoyais mon ancien amoureux pour aller te promener – lui qui ne supportait pas les chiens. Je me souviens que tu avais compris que l’on attendait toujours ton « popo » du jour pour te ramener de suite à la maison, alors, malin comme tu l’étais, tu faisais durer – de manière interminable – le temps jusqu’au « popo » pour rallonger le temps de la promenade – Ha-Ha !

Je me souviens que tu ne supportais pas du tout la solitude dans notre appartement au 17ème étage – ainsi, tous les tours de passe-passe que l’on n’inventait pas pour pouvoir sortir de la maison sans que tu ne le remarques ! Pauf’ chou … Tu avais réussi à creuser un trou devant la porte, tant tu grattais en-dessous de celle-ci quand nous étions absents … (parfois même il y avait des traces de sang 😦 )

Et puis je suis partie vivre seule à 18 ans … Je ne t’ai pas vu souvent durant plusieurs années … Mais tu me faisais toujours rire avec ta façon d’aboyer sur les gens qui n’entraient pas dans la voiture quand tu t’y étais déjà installé !

Je me souviens toutefois qu’après la mort de mon beau-père, tu es devenu subitement super gentil … Comme si tu avais compris qu’un drame était survenu et que tu pouvais nous dérider en nous faisant plein de câlins … Merci mon chien …

Et puis voilà maintenant 3 ans que j’ai repartagé ton quotidien … Et il n’y a pas un jour où tu ne m’as pas fait rire ! Ta façon d’ouvrir les portes avec le haut de ta tête et de t’installer royalement sur tous les canapés de la maison (façon : « Pourquoi tu me regardes ? Tu veux ma photo ? » LOL) ; toutes les positions que tu prenais pour t’endormir (!! – incroyablement mignon) ; ta manière de me suivre jusqu’à la cuisine avec ce regard plein de morgue : « si tu te sers, tu me sers – je ne vois pas pourquoi il en serait autrement ! » hahaha!) ; lorsque tu attaquais des chiens 3 fois plus grands que toi dans le parc (même ces chiens en restaient interdits pendant quelque secondes) ; ton regard incrédule quand je mettais mes chaussures pour aller te promener ; ton aboiement depuis le balcon (que je pouvais reconnaître entre mille!) quand je sortais de la maison ; ton habitude systématique de venir me rejoindre dans la chambre quand Tatiana partait tôt le matin (qui faisait que parfois je me réveillais nez-à-nez avec ton pif!) ; tes yeux qui devenaient tout ronds quand je te proposais un morceau de saucisse ; ta façon de te promener toute joyeuse qui te donnait l’air, de derrière, d’un petit éléphant 🙂 ; ton excitation, unique à toi, quand tu nous accueillais sur le bas de la porte ; ta façon de cacher fièrement les bâtons que je te lançais dans les buissons (toujours les mêmes) du petit espace fermé pour chiens dans le parc Marie-José …

Et bon, il n’y a pas un jour où je n’ai pas maugréé contre toi les pires insultes … Tous les matins, le rituel du nettoyage des Niagara de pipi à travers tout l’appartement (alors que DUDE ! On laissait spécialement pour toi la porte du balcon constamment ouverte pour que t’y ailles te soulager !! Pourquoi ? POURQUOI ????) ; quand je devais nettoyer la merde du balcon (les seuls moments de ma vie où j’ai vraiment failli vomir de dégoût) ; quand pour te venger de t’avoir laissé seul à la maison, tu allais pisser précisément sur nos oreillers respectifs (je ne compte plus le nombre de fois où je me suis couchée, exténuée, et relevée de sitôt en hurlant « WOOOOOOOODYYYYYY!!!!!! » hahaha) ; tes lubies de déchirer nos poubelles et d’en étaler le contenu partout, partout …  ; toutes les fois où j’ai pleuré de fatigue quand, rentrée tard, je voyais l’état de l’appartement et savais qu’il me faudrait quelque heures pour tout nettoyer … ; toutes les fois où j’ai quitté des soirées assez tôt, sous le regard soupçonneux de mes amis, pour motif de « babysitting de chien » (« mais qu’est-ce que tu racontes Zaffi, tu ne vas pas rentrer chez toi pour ton Chien !?? SI ?« ) … Argh Woody, toi-même tu sais combien de fois j’ai essayé de te dresser sur le tard mais jusqu’à la fin, tu m’auras grogné dessus quand je t’enguirlandais devant tes pipi … Et puis aussi, toutes les fois où ma mère m’appelait de l’étranger et ne demandait qu’après toi (« Il a mangé ? Tu l’as promené ? Il fait quoi maintenant ? Il a pleuré ? » « Euuuh … Maman, moi je vais bien, ne t’en fais pas hein! » LOL)

Durant le mois de mai 2012, tu as commencé à être fort malade … J’ai eu super peur et j’ai pleuré quand de retour d’un vétérinaire, ma mère m’annonçait que tu avais sans doute un cancer … Et puis ouf ! Un autre vétérinaire t’a enlevé toute l’eau que tu avais autour du coeur (quelque chose comme ça) et n’avait rien trouvé d’alarmant … Mais je me suis rendue compte, déjà, à quel point ta potentielle disparition laisserait un grand vide dans cette maison … Tant on s’était habitué à organiser nos vies respectives, ma mère et moi, selon tes besoins (te promener 3 fois par jour, acheter une fois par semaine ta nourriture chez Tom&Co, trouver quelqu’un pour te garder si nous partions à l’étranger, etc.) … Et la Vie nous a offert encore quelque mois à tes côtés, et je lui en suis infiniment reconnaissante …

Durant ce mois d’octobre, tu faisais de petits yeux et semblais avoir du mal à respirer … Tatiana était convaincue que l’on t’avait donné de mauvais os de poulet et que tu faisais une indigestion … Puis la nuit de vendredi à samedi, tu as empêché toute la nuit ma mère de dormir  … Epuisée, le samedi matin, elle m’a demandé de t’emmener chez un vétérinaire si je ne voyais pas des signes d’amélioration … Le matin, j’ai regardé « Mob Wives » (pour les mecs qui pensent que les femmes ne savent pas se battre – watch out !), rassurée de te voir boire beaucoup d’eau … Puis tu as commencé à avoir la diarrhée, signe encore pour moi, que ton système digestif « luttait » contre l’indigestion … Toujours rassurée, j’ai appelé Tatiana pour lui dire que tu avais l’air d’aller mieux … Mais dans le doute, je suis repartie sur Facebook retrouver les coordonnées que Juju m’avait donnée d’une clinique vétérinaire à Etterbeek (http://www.lacliniqueveterinaire.be/) – MERCI JUJU !!! – et ai téléphoné pour parler avec une vétérinaire de tes symptômes … Là elle me dit, calmement, de quand même venir sur place car ce pourrait être une contusion de l’estomac …

Bon, j’enfile vite fait un jeans, je prépare un sac « spécial Woody » (bon surtout des essuie-tout et des produits désinfectants pour les potentielles traces que tu pourrais laisser derrière toi sur le chemin) j’appelle un taxi qui accepte les chiens … Et là je te vois Woody, qui n’arrive vraiment plus à respirer (et tu siffles beaucoup) … Je commence cette fois-ci à un peu paniquer … Quand je prépare mes affaires, tu aboies pour la dernière fois … Mais un aboiement que je n’avais jamais entendu, un aboiement de S.O.S. … Je ne sais pas … Là, je comprends que tu réclames d’urgence de l’aide …

Le taxi arrive : un goujat qui directement m’agresse « HEY votre chien vous le mettez là et c’est tout ! Qu’il ne fasse pas de saloperies hein! Vous savez combien de Taxi acceptent les chiens ? 1 sur 200! » … J’en recevais plein la figure alors que je ne comprenais pas comment il ne pouvait pas voir que j’étais déjà dans une totale détresse vis-à-vis de mon chien que je n’arrivais pas à soulager …

Finalement mon pauvre Woody n’arrive pas à monter dans la voiture de ce connard de taximan … Je te revois Woody, avec tristesse, mettre tes deux pattes sur le bord de la voiture avec aucune force pour soulever les deux autres (tu as toujours trop aimé les voitures!) … Moi je n’ai plus jamais osé te porter depuis le jour où tu m’as mordu =( … Je rappelle un autre taxi (cette fois-ci chez Taxis bleus) et sous la pluie, nous attendons 20 bonnes minutes… Je te regarde, tu es complètement immobile, tu regardes le sol – tu n’arrives n’y à t’asseoir, ni à marcher un peu … Un candidat d’écolo me distribue un tract, complètement indifférent à mon visage trempé de larmes, en me clamant, presque mécaniquement « c’est demain le changement » et il part rapidement comme s’il évitait que j’entame la discussion … Je me suis dit : « quel con, en détresse comme je suis, il aurait fait mine de se soucier de l’état de mon chien – j’aurais non seulement voté pour lui, mais je lui aurais donné toute ma fortune, mon âme, mes slips et bien plus encore ! LOL! » tant je me sentais, durant ces 20 minutes, SEULE au monde …

Arrive enfin un autre taxi ; Ouf ! Celui-ci comprend directement l’urgence de la situation et me laisse faire monter le chien sans difficulté … Il entend la respiration de Woody et se rend compte que c’est sûrement grave … Toutefois, pour détendre la conversation (et pour oublier le trafic durant les heures d’engorgement – qui me faisait perdre tous mes moyens) on parle des élections … On parle du PTB à Molenbeek et il me dit qu’il connait bien Dirk De Block, que c’est un gars bien, présent dans la commune (ça réconforte mon choix de vote) … Toutefois, à quelques moments, je voulais l’interrompre pour vérifier que Woody respirait toujours … Woody a enfin trouvé une place où il arrive à se calmer, couché, le cou soulevé par la petite bosse qui sépare les deux sièges arrière …

Arrivés ENFIN à la clinique vétérinaire, je panique car Woody ne réagit plus quand je lui demande de descendre … Je cours à la porte d’entrée, je sonne comme une hystérique… Enfin une femme accourt et Woody arrive à marcher tout lentement jusqu’à la clinique … Je pense déjà, dans mon for intérieur, la galère que cela va être encore pour rentrer à la maison après … Je ne pensais pas une seule seconde encore qu’il s’agissait de tes derniers pas …

Mon petit Woody, on t’a diagnostiqué (j’apprends pour la première fois depuis que je te connais que tu es castré ! Bravo la Zaf!) puis je t’ai emmené avec la vétérinaire faire une radio … Je la vois déjà faire une triste mine en voyant ta rate assez gonflée … Elle t’emmène faire une échographie … Durant ce temps, je cours m’acheter des cigarettes (je n’en pouvais plus!) et j’appelle ma mère pour lui dire qu’en fait, les nouvelles ne sont pas bonnes …

Et puis le choc, la vétérinaire qui me dit que tu as une tumeur au foie et qu’il n’y a plus rien à faire … Que je dois prendre la décision de t’endormir maintenant … Les personnes assises dans la salle d’attente me voient éclater en pleurs … J’appelle en détresse Caio, je lui demande, un peu maladroitement sur le ton de l’injonction, de venir immédiatement m’aider à surmonter cette épreuve (MERCI MERCI MERCI DRUJBI ! You are simply the BEST!!!)

… J’essaie d’appeler ma mère, ton maître, je deviens dingue car on ne s’entend pas… Quand elle comprend que l’on va, incessamment sous peu, te piquer, Woody, elle exige que je te maintienne en vie jusqu’à son retour … Je demande à l’infirmière de parler avec elle pour lui expliquer ton état … Je l’entends au téléphone pleurer, je suis perdue … Je n’en reviens pas qu’il n’y ait aucune autre solution … Je te vois, mon petit Woody, tourner en rond dans la pièce du vétérinaire … Je comprends que tu es dans un état trop critique pour te ramener à la maison… J’accepte les deux piqûres …

En attendant, je te parle à voix haute, j’essaie de t’expliquer pourquoi maman n’est pas là … Je te fais plein de bisous … Exceptionnellement, tu te laisses entièrement faire … Et puis la première piqûre d’endormissement, puis la deuxième … Toi qui te couches dans ta position habituelle, tout mignon, tout apaisé… Tu luttes encore quelque minutes et à ma dernière caresse, tu t’en es allé … Tu ne respires plus …

Je n’en reviens pas de sortir de cette clinique sans toi, je n’en reviens pas de revenir à la maison avec ton sac « spécial Woody » qui n’a plus aucune utilité …

Je pleure dans le métro sans retenue … Je m’en fiche de ce que les gens peuvent penser, j’ai perdu un membre de ma famille, un compagnon de tous les jours … Un être qui m’a permis d’observer quotidiennement le changement des couleurs des arbres, un ami de promenade qui m’a fait découvrir tous les recoins de ma commune, qui m’a forcé à mettre mon nez dehors tous les jours … Merci mon petit Woody, tu nous manques déjà si fort … On t’aime très fort et on espère que, là où tu es, les saucisses tombent du ciel par milliers ! … (er aussi que ton pipi se transforme en arc-en-ciel pour ne pas trop embêter l’archange Saint-Michel … hein !)

J’espère que tu n’as pas eu trop peur… Et que tu as compris pourquoi ta vie devait s’arrêter là… en 5 minutes … Après tant d’années à tes côtés … Je ne t’oublierai jamais mon connard de chien … Tu m’as rendu dingue, mais tu as aussi souvent embelli mes journées …

Je ne suis pas raciste MAIS …

A la veille des élections (je suppose que c’est le facteur déclencheur), j’entends de manière (pitoyablement) récurrente, cette indignation (sooooo cliché) : « Oui mais moi si j’étais dans LEUR pays, je m’adapterai à LEURS règles – pourquoi ils n’en font pas tout autant ? ».

Ce parallélisme grossier commence à me taper sérieusement sur les nerfs donc voici l’objet de mon deuxième article, un rappel d’histoire (somme toute relativement récente)… Car comme le dit si justement Anne Morelli « l’histoire exerce une fonction thérapeutique et militante qui nous apprend parfois essentiellement quels sont les problèmes actuels de chaque groupe ». … Bon, je vais encore être longue, mais on ne se change pas hein ! =/

Je précise toute de suite que je ne défends toutefois aucun « groupe ». A l’instar d’Edgar Morin (oui – je ne me prends PAS pour de la merde loool) qui avait dit un jour à un journaliste « la chose la plus importante que mes parents ont fait pour moi, c’est de ne me transmettre aucune culture », mes parents à moi ne m’ont éduqué dans aucun cadre culturel pré-formaté (si cela est en fait possible – sociologie, sociologie, quand tu nous tiens!) ; je n’ai jamais entendu mon père me dire « tu es Marocaine, comporte-toi en tant que telle » ou ma mère n’a jamais tenté de m’inculquer les traditions ou valeurs russes  – avec, toutefois, en parallèle de nombreux voyages en Russie et au Maroc. J’ai ainsi connu mes « cultures d’origine » par l’observation, par l’odorat (c’est con à dire mais c’est ce que je retiens le plus de « mes » pays – l’odeur des rues de Tambov, la ville natale de ma mère, l’odeur de ma babouchka, l’odeur des salons marocains de ma famille, l’odeur des habits qui sèchent sur le toit de la maison de mon oncle à Oujda…) mais jamais vraiment par le Coeur.

En effet, si j’ai toujours eu un lien « intellectuel » avec le Maroc et la Russie ; l’histoire de mes parents m’a toujours passionnée, l’évolution de ces pays m’a toujours intriguée, je n’ai pas de lien « affectif » avec des pays. Je ne sais pas ce que c’est de ressentir un « patriotisme vibrant », comme je ne sais pas ce que c’est de ressentir une quelconque loyauté vis-à-vis d’une communauté d’appartenance ; inutile de préciser que je ne suis pas considérée comme une compatriote auprès des Russes ou comme une « cousine » auprès des Marocains… Et pour la Belgique, malheureusement, je resterai toujours une immigrée (qui n’a émigré de nulle part)…

Ceci dit. Mon « a-culturalité » n’apportera peut-être pas plus d’objectivité à mon propos mais j’aimerais rappeler la trajectoire de l’immigration marocaine ici en Belgique (Histoire comme celle de tous les migrations en Europe – qui manquent d’ailleurs cruellement aux programmes d’éducation scolaire – mais peut-être que cela arrange « tout le monde » que le terme même d’immigration continue à véhiculer des peurs).

Bon, comme chacun sait : la révolution industrielle de la fin du XIXème siècle constitue l’origine des phénomènes migratoires récents en Belgique et dans toute l’Europe. Au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, la seule source d’énergie immédiatement exploitable était le charbon et toute tentative pour orienter les travailleurs belges vers les mines restait veine (mauvaise réputation, mauvaise rémunération, etc.)

Donc, à l’initiative des patrons charbonniers, on commencera à recruter des mineurs en Italie ; le 20 juin 1946, un protocole belgo-italien est signé à Rome qui permettra entre 1946 et 1949 le recrutement de plus de 77.000 Italiens.

Néanmoins, la pénurie de main d’œuvre restait aigüe pour le travail le plus pénible qui se situe « à la veine » avec OF COURSE aucune sécurité de travail  (F.Y.I. dans la mine, il y a le fond et la surface et c’est au fond, bien entendu, que le travail est le plus dur. C’est pour le fond surtout que l’on ne trouve plus de Belges et qu’il faut faire appel aux étrangers. Dès 1948, au fond, les étrangers sont plus nombreux que les Belges)

Et BOOM ! il y aura en 1956 la fameuse CATASTROPHE DE MARCINELLE ; le 8 août 1956, 262 mineurs (dont 136 Italiens) périssent dans la catastrophe minière du « Charbonnage du Bois-du-Cazier » à Marcinelle. Le gouvernement italien refusera dès lors, de manière tout à fait compréhensible, de continuer à envoyer des « contingentements » de main d’oeuvre italienne bon marché.

« Zut alors ! Avec quels autres pays, moins regardants sur les conditions de travail, la Belgique peut-elle donc signer d’autres conventions d’envoi de main d’oeuvre? »

Ah oui tiens : l’Espagne ! En novembre 1956, un accord est signé avec l’Espagne.

Encore ! Encore de la main d’oeuvre servile à souhait  ! La Grèce ? Yesss ! Why not ? En juillet 1957, un accord est signé avec la Grèce.

Ces deux accords assureront le recrutement d’environ 15.000 hommes.

Rappelons que jusqu’en 1957, la conjoncture économique en Belgique était bonne, il y avait une vraie carence « de bras » et donc les Italiens, les Espagnols et les Grecs sont véritablement arrivés comme des « sauveurs » puisque SANS matières premières et combustibles, ben on l’aurait tous eu dans le pète ! (donc déjà ici j’introduis la connerie que j’entends aussi très souvent – à entendre avec l’accent d’un baraki ignorant : « mais dis hein ! Regarde les Italiens, les Espagnols, ils se sont bien intégrés alors pourquoi pas les Bougnouls ? hein dis ? » – j’y arrive…).

EN 1957, commencent les premières fermetures de mines (tout le secteur charbonnier fait déjà l’objet d’un programme d’assainissement rigoureux) et comme tout le monde ne pouvait pas déménager à Bruxelles et à Gand, beaucoup de Belges ont été mis au chômage. On comprendra donc qu’à l’époque, pour un mineur Belge qui vient de perdre son emploi, ce serait juste TROP stupide que son gouvernement aille encore chercher de la main-d’oeuvre ailleurs ? ha-ha! BOOM ! De 1968 à 1974, plus de 23 000 nouveaux permis de travail B à l’immigration seront accordés — Mais qui sont ces gens qui commettront l’outrage de débarquer en Belgique (avec leurs familles en plus!!) pour voler le travail des Belges ?

BOOM ! Une convention belgo-marocaine est signée le 17 février 1964 par les deux ministres du Travail ; L. Servais pour le gouvernement belge et Th. Ouezzani pour le gouvernement marocain. — En fait, cet accord ne fera qu’entériner une pratique « non officielle » déjà instituée depuis quelques années.

F.Y.I. Une grande partie des Marocains qui débarquèrent en Belgique au début des années soixante provenaient de la région de Tanger, Tétouan et Oujda. Les habitants de ces régions sont essentiellement des Rifains, et ces derniers portent en eux une longue tradition d’opposition au Pouvoir. Et donc beaucoup fuyaient à ce moment-là « la Deuxième Guerre du Rif » lancée par Sa Majestééééé Adorééééé (au cas où la mafia marocaine me lit) le Roi Hassan II.

Et ah oui ! Les contrats-types annexés aux conventions avec les pays étrangers contenaient pratiquement toujours des dispositions dans le sens d’une immigration familiale – l’immigration était vue, par nos autorités belges, comme un des seuls moyens concrets pour endiguer le recul démographique en Belgique. Donc, si le raciste ordinaire s’étonne que les Arrrrabes sont arrivés avec leurs familles, qu’il prenne le temps d’aller  lire les articles de ces magnifiques conventions pour un peu mieux comprendre l’origine du « problème ».

Et l’immigration Marocaine n’a vraiment pas été une « immigration facile » (contrairement à son homologue italienne, espagnole, etc.) pour plusieurs raisons :

  1. La déshumanisation commençait déjà lors du recrutement, on sélectionnait la « marchandise » à importer comme un choisit un cheval : les candidats à l’émigration était soumis à un examen médical strict. Aucun autre critère qualitatif n’était pris en considération. N’étaient pris en compte ni les aspects éducatifs, ni la référence aux besoins culturels, ni les multiples aspects concernant la réinsertion. Ce qui intéressait les économies européennes, c’était d’importer de simples forces brutes de travail productrices de richesses, et non pas des personnes avec leur histoire, leur culture, leurs besoins sociaux, leur espoirs et leur aspiration à la dignité.
  2. Le fait que le recrutement officiel de la main d’œuvre marocaine coïncide avec le déclin du secteur charbonnier donnera directement l’impression d’une illégitimité de la présence des immigrés maghrébins sur le sol belge — On n’a rien inventé aujourd’hui ; en effet, toute « crise » de caractère socio-économique cherche ses boucs émissaires et s’accompagne, très naturellement, de manifestations xénophobes.
  3. L’immigration marocaine, contrairement aux anciennes vagues de migration principalement associées au charbon et à l’industrie lourde, est une immigration dirigée vers des emplois beaucoup plus diversifiés, principalement localisés dans les grandes agglomérations ; La structuration socio-spatiale des villes belges n’a pas développé de « banlieues » périphériques peuplées de travailleurs immigrés comme en France parce qu’en Belgique il y a eu un phénomène dit de SUBURBANISATION (de larges fractions de la population belge se sont enrichies lors de la croissance économique des Golden Sixties et ont quitté les villes pour construire dans des quartiers périphériques). Donc BOOM ! Impression générale que « des quartiers entiers sont tombés entre les mains des immigrés » (oui, encore une fois, on n’a rien inventé aujourd’hui)

Ce que je veux ainsi souligner c’est que les Marocains (ou toute personne au phénotype bronzé en fait) ont directement été confrontés au racisme des Belges autochtones dès leurs arrivées (la loi belge contre le racisme ne sera adoptée qu’en 1981!!) alors qu’au Maroc on leur distribuait des tracts plein d’amouuuur leur promettant une vie de cocagne en Belgique !

Comme ce n’est qu’à partir de 1984 (année à partir de laquelle les immigrés pouvaient demandé la nationalité belge, et par là les mêmes droits sociaux) que les immigrés Marocains pouvaient se permettre de ne plus courber l’échine. Intuitivement, selon vous, après avoir été l’objet de toutes les humiliations ordinaires pendant près de 20 ans, ces immigrés vont-ils chérir avec dévotion la Belgique ? Vont-ils enseigner à leurs enfants l’amour des valeurs d’un pays qui les a légalement discriminé et si mal accueilli ? … Bien-sûr que non ! La solution ? Selon moi, la reconnaissance officielle de cette partie tabou de l’Histoire de Belgique.

Et encore selon vous, vous seriez l’enfant d’un immigré au Maroc, vous subissez (en toute légalité) une discrimination au niveau scolaire, professionnel, institutionnel toute votre vie dans ce pays, vos parents vous racontent des histoires qui relèvent clairement d’un Apartheid lors de leur arrivée au Maroc … Le jour où vous devenez Marocain, n’auriez-vous pas, vous aussi, l’envie de crier à l’injustice et l’envie ne pas vous conformer à ce que le pays (qui a humilié vos parents) vous exhorte à devenir.

Donc NON. Ce n’est pas aussi easy-easy que de partir vivre dans un pays musulman et d’accepter « humblement » de ne pas prendre la main de votre compagnon en rue ou d’accepter de ne pas manger en public pendant ramadan (et encore je me demande si vous l’accepteriez SANS crier d’abord au scandale et à la barbarie de ces foutus musulmans) … L’immigration marocaine est chargée d’une mémoire collective douloureuse qui n’a pas encore été soignée. Cela ne pardonne en rien les comportements pourris de certains Arrrrabes sur le territoire belge, mais j’espère que pour vous, ça l’explique … un peu …