On dit que rien ne se perd, tout se récupère …

par clergepondu

« La vie est une loterie, même si tu gagnes, au final tu perds la vie …  »

Et je suppose que tu avais un sentiment incommensurable de victoire lorsqu’en 2011 tu créas ta nouvelle page Facebook et que ta première photo de profile fut … ta nouvelle carte d’identité belge…  Je suppose que la vie bousillée d’une jeune demoiselle (ou plusieurs) au passage n’était que le faible prix à payer …

J’apprends que tu t’es donné la mort le matin de ce 10 octobre… Et cette nouvelle me perturbe tellement qu’elle me rappelle l’état d’angoisse permanent dans lequel tu prenais plaisir à me (voir) plonger …

La dernière fois que je t’ai vu, tu étais assis en face de moi, dans notre ancien appartement, … J’avais un micro et un enregistreur caché dans le sac accroché à la chaise sur laquelle tu étais assis … Ce jour-là, je savais déjà absolument tout sur tes mensonges, la mise en scène machiavélique dans laquelle je tenais le premier rôle malgré moi … Mais je devais te regarder en face, te faire croire que je ne savais rien, te « faire parler » un maximum, pour donner ensuite la cassette à la police … Ainsi, pour la première fois depuis que l’on s’était connu, c’était moi qui te prenais en traître, c’est moi qui me jouais de toi… L’envie incompressible de te casser les dents n’était contrebalancée que par cette sensation de reprendre le contrôle sur cette supercherie et la délectation de te voir tomber dans mon piège à moi, une seule et dernière fois … Et tu as été juste parfait…

Tu m’as assuré de ne plus m’inquiéter car tu avais payé quelqu’un pour tuer ta maîtresse (sic)… Tu m’as confirmé (avec des perles lacrymales) que tu m’avais pris pour une conne et que tu m’avais épousé uniquement pour les papiers … Mais même dans ce déballage de vérités, tu te perdais dans tes mensonges, encore et toujours … Tu ne savais pas encore que j’avais été voir « ta maîtresse » et que j’étais au courant d’absolument tout, que tu l’avais rencontrée bien avant moi, bien avant que l’on se marie, mais qu’il te fallait une victime d’origine marocaine pour ne subir aucune enquête avant les épousailles … Que tu comptais les jours avec tes collègues jusqu’à l’obtention de ta fameuse carte orange, jour où vous avez trinqué à ma naïveté… Que tu racontais à tes collègues et tes amis des choses tellement atroces à mon sujet que tout le monde croyait les yeux fermées grâce à ta petite tête d’ange abîmée … Que lorsque je te croyais travailler tard et que j’étais triste de te voir si fatigué, « si exploité » (selon tes termes), tu étais en fait avec la femme que tu aimais sincèrement et l’entretenais avec l’argent que stupidement je te donnais pour que tu puisses avoir un minimum de dignité devant les personnes qui « te rabaissaient car tu n’étais qu’un sans-papier » (toujours tes termes) …

Oui, je savais tout et je t’avais devant moi … Tu étais en larmes, tremblant, transpirant, me suppliant de « te reprendre » alors qu’au même moment, tu continuais à m’expliquer cette relation factice que ta maîtresse entretenait avec ton collègue … Je suppose que tu ne trouvais pas la force de m’avouer que « ce faux couple » qui venait manger chez nous n’était qu’une de tes plus belles inventions … Que ce « couple » – qui me racontait leurs soucis de logement imaginaires et leur chien commun imaginé – n’était que ta maîtresse et ton collègue gay à qui tu avais demandé de jouer le jeu dans ma propre maison pour que je n’ai jamais aucun soupçon sur la double vie que tu menais … Et je te regardais, avec un tout nouveau regard, me raconter que ce « couple » battait de l’aile, que ton collègue (gay) négligeait sa (fausse) petite amie et que du coup, elle t’était tombée dans les bras … Enfin quelque chose comme ça, toi-même tu t’embrouillais dans les nombreuses versions que tu pouvais inventer en seulement quelque minutes de temps … Je me demande aujourd’hui s’il y a une seule personne dans ce monde à qui tu as dit toute la vérité sur qui tu étais vraiment, une seule personne qui pourrait raconter l’histoire de ton existence dans toute sa transparence …

En tout cas, pour ma part, je ne sais pas qui tu es… Et je ne crois pas que tu t’es jamais soucié de savoir qui j’étais également … J’ai juste été une de tes marionnettes, j’ai toujours réagi comme tu le souhaitais secrètement … Je n’ai jamais souhaité du mal à personne jusqu’à que je ne te rencontre et aujourd’hui ma haine s’arrête avec la fin de ta vie …

Je te pardonne d’avoir vu en moi une proie fragile que tu pouvais manipuler à ta façon, je te pardonne d’avoir également manipulé mon entourage et ma famille, je te pardonne d’avoir caché ta vraie « situation » avant le mariage, je te pardonne d’avoir menti chacune des journées et des nuits que j’ai partagées avec toi, je te pardonne pour les conséquences dramatiques que ces mensonges ont eues sur mon coeur et ma confiance en moi, je te pardonne de m’avoir écrasée comme tu l’as fait dans le seul objectif d’obtenir le droit de séjour, je te pardonne pour le bien-être matériel que j’ai pu t’offrir sans jamais rien recevoir en retour, je te pardonne ces années de tourment après avoir fait toute la lumière sur la duperie dont j’étais la victime, je te pardonne de ne m’avoir jamais aimée… Et je te pardonne pour n’avoir jamais demandé pardon …

Je te pardonne car je réalise tu étais une personne malade, une personne sans aucune dignité et principe … Et comme tu as été le fils d’une mère, le père d’un enfant, l’ami de certains et surtout une création de Dieu, je souhaite le repos pour ton âme tourmentée …

Je n’ai malheureusement aucun souvenir positif de toi mais tu m’as certainement ouvert les yeux sur ma propre naïveté et sur mes illusions … La Vie a voulu que je te rencontre pour une raison qui m’échappe encore, je n’en suis pas encore sortie grandie ou plus forte, mais peut-être que si ce n’avait pas été toi, une personne plus mauvaise encore aurait pu se jouer de moi … Ainsi, je remercie Dieu de m’avoir malgré tout protégée et je prierai pour qu’il te garde auprès de Lui … Pour mon salut à moi …